Alors que la rencontre à Paris, fin mai 2018, entre les deux autorités rivales en Libye, avait suscité un nouvel espoir de paix, avec l’établissement d’un calendrier pour les élections, la décision de l’homme fort de l’Est, le Maréchal Khalifa Haftar, de mettre sous le contrôle de son gouvernement provisoire les terminaux de pétrole des villes de Ras Lanouf et Al Sedra ravive les tensions.
« Une décision illégale », a notamment réagi le gouvernement d’union nationale reconnu par la communauté internationale et dirigé par le Premier ministre Fayyez Al-Sarraj, dans un communiqué publié ce 26 juin, au lendemain de la décision du Maréchal Haftar. Une décision qui fait suite à plusieurs jours d’offensive menée par le Maréchal Haftar pour s’emparer du contrôle des sites d’exportation stratégiques, situés dans l’Est. Cette « décision unilatérale » des autorités de l’Est ne passe pas du tout auprès du gouvernement d’union nationale, qui appelle l’ONU à s’y opposer.
« Les exportations par des institutions parallèles sont illégales et échoueront, comme elles ont échoué par le passé », a notamment réagi Mustafa Sanallah, le patron de la National Oil Corporation (NOC, basée à Tripoli).
Il met même en garde d’éventuels acheteurs qui iraient à l’encontre des résolutions de l’ONU accordant le « contrôle exclusif des installations pétrolières, de la production et de l’exportation à la NOC de Tripoli, sous la supervision du gouvernement d’union nationale ». Mais cette décision traduit en réalité l’impuissance de ce gouvernement, même reconnu par la communauté internationale et l’impasse dans laquelle est la Libye depuis la chute du régime de Khadafi.
Même si les négociations de fin mai à Paris n’ont pas abouti à des engagements signés, la décision du Maréchal Haftar remet en cause les espoirs nés de ces pourparlers ayant conduit à l’établissement d’un calendrier électoral, à l’élaboration d’une Constitution et à la mise en place d’une administration. Elle dénote d’une volonté de renforcer ses pouvoirs en contrôlant l’une des seules ressources qui restent encore à la Libye. Alors qu’il justifie sa décision par la nécessité de lutter contre les groupes terroristes qui se financent par l’argent du pétrole, cette décision du Maréchal Haftar montre sa volonté d’asseoir une autorité et une légitimité dont il n’est pas encore investi.
Cette situation, tant qu’elle perdurera, continuera de représenter un vrai risque pour la sécurité de toute cette sous-région.
Fatoumata Maguiraga