La Corée du Nord a coupé le 9 juin ses canaux de communication, notamment militaires, avec « l'ennemi » sud-coréen, a annoncé l’agence d’État nord-coréenne KCNA, après que des militants aient menacé d’envoyer des prospectus anti-Pyongyang dans le pays communiste.
Pyongyang « va complètement couper la liaison entre les autorités du Nord et du Sud », ainsi que d’autres canaux de communication, notamment entre les forces armées des deux États ou entre les partis politiques au pouvoir à Séoul et à Pyongyang, détaillait KCNA dans un communiqué en date du mardi 9 juin.
Cette menace intervient au moment où les relations entre les deux voisins se trouvent dans l’impasse, malgré trois sommets en 2018 entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le Président sud-coréen Moon Jae-in. La Corée du Nord avait menacé la semaine dernière de fermer le bureau de liaison avec la Corée du Sud et de prendre des mesures supplémentaires pour faire « souffrir » Séoul.
Kim Yo-jong, influente sœur de Kim Jong-un, a également menacé de rendre caduc l’accord militaire entre les deux pays, à moins que Séoul n’empêche les militants d’envoyer les prospectus. « Les autorités sud-coréennes paieront un lourd tribut si elles laissent cette situation perdurer tout en présentant toutes sortes d'excuses », a-t-elle affirmé dans un communiqué publié par l'agence KCNA. Cet accord avait été signé en septembre 2018 lors de la visite de Moon Jae-in à Pyongyang, pour apaiser les tensions à leur frontière commune, mais ses dispositions n’ont pas vraiment été mises en œuvre. Kim Yo-jong a également menacé de mettre définitivement fin à des projets économiques entre les deux Nations, notamment concernant le Parc industriel intercoréen de Kaesong et les visites au Mont Kumgang. Des déclarations qui interviennent, comme le rapporte le Parisien alors que fin mai le Président Moon Jae-In avait appelé à un nouveau sommet entre lui et Kim Jong-un afin de reprendre les relations actuellement interrompues. La Corée du Sud a même proposé une coopération intercoréenne dans la lutte contre le nouveau coronavirus, ainsi que la reprise du programme touristique conjoint et la connexion des chemins de fer intercoréens. La Corée du Nord a mis un terme à la plupart de ses contacts avec le Sud après l’échec du sommet entre Kim Jong-un et le Président américain Donald Trump en février 2019 à Hanoï (Vietnam), qui avait laissé les tractations sur le nucléaire nord-coréen au point mort.
Boubacar Sidiki Haidara