Au Mali, le silence devient loi. La junte militaire au pouvoir a annoncé, ce mercredi 7 mai 2025, la suspension « jusqu’à nouvel ordre » des activités des partis politiques et des associations à caractère politique. Une décision tombée comme un couperet sur les ondes de la radiotélévision nationale, où le décret signé par le chef de la transition a été lu avec solennité.
« Pour raison d’ordre public », dit le texte, comme un refrain répressif dans une partition déjà bien orchestrée. Car derrière cette justification sibylline se cache une offensive nette contre toute expression d’opposition. La mesure vise aussi « toute autre organisation se réclamant d’un caractère politique », balayant d’un revers les principes du pluralisme démocratique.
Cette interdiction survient à la veille d’un appel à manifester lancé par une coalition de partis, en réaction à la menace de leur dissolution. Une énième alerte dans un climat politique asphyxié, où les coups d’État successifs de 2020 et 2021 ont laissé place à une gouvernance musclée, peu encline au débat et prompte à museler les voix discordantes.
Depuis 2012, le Mali est aux prises avec une crise sécuritaire persistante, alimentée par le jihadisme et des rébellions au Nord. Mais face aux urgences, la réponse semble résolument militaire, même dans l’arène politique.
Pourtant, la Constitution de 1992 – et la nouvelle loi fondamentale de 2023 portée par la junte elle-même – garantit les libertés d’expression, d’association et le multipartisme. Des droits désormais suspendus, au nom de l’ordre.
L’opposition, déjà fragilisée par les dissolutions, les poursuites judiciaires et les intimidations, voit son espace de contestation se réduire à peau de chagrin. Au Mali, la transition prend des airs de transition… vers le silence.
Siondenin Yacouba Soro