Le 30 avril 2025 marquait les 100 premiers jours du second mandat de Donald Trump. Une période courte, mais déjà lourde de conséquences pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, où les décisions américaines en matière d'aide, de migration et de sécurité pèsent sur des équilibres fragiles.
La fermeture annoncée de la Millennium Challenge Corporation (MCC), institution qui a investi près de 17 milliards de dollars américains dans le monde depuis 2004, porte un coup sérieux aux projets structurants de la région. En Afrique de l’Ouest, plusieurs programmes en cours, notamment au Niger et en Côte d’Ivoire, risquent d’être interrompus. Des projets semblables avaient auparavant bénéficié au Mali, renforçant des infrastructures vitales comme l'Aéroport international de Bamako.
Parallèlement, le gel de l’USAID durant 90 jours depuis février a désorganisé l’aide humanitaire. Au Sahel, où les crises alimentaires et sanitaires se multiplient, l'impact est direct, à savoir suspension d'initiatives contre la malnutrition, arrêt de campagnes de vaccination et réduction du soutien aux déplacés internes, notamment au Burkina Faso et au Mali.
Ces décisions alimentent aussi des flux migratoires sous-jacents. En limitant les opportunités économiques et la stabilisation des territoires, Washington favorise les départs clandestins vers l'Amérique Latine, l’Europe ou encore un retour en Afrique, avec des zones déjà minées par l'instabilité sécuritaire. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les départs irréguliers depuis le Sahel ont augmenté de 12% au premier trimestre 2025.
Sur le plan sécuritaire, la réduction de l’engagement américain dans la lutte contre le terrorisme au Sahel interroge. Le retrait progressif du soutien logistique et du renseignement, auparavant essentiel aux forces locales et aux missions internationales, fragilise des pays sous pression du Mali au Tchad.
À l’heure où la Chine et d’autres puissances étendent leur influence sur le continent, l’Afrique de l’Ouest voit ainsi son partenariat historique avec Washington s’effriter. Les 100 premiers jours de Trump dessinent les contours d’une nouvelle donne avec laquelle les États sahéliens devront composer sans un allié traditionnel devenu plus distant.