Le dernier sommet UA - UE de Luanda (Angola) a rappelé l’importance d’un partenariat qui tente de se réinventer après plusieurs années de silence. Dans un continent où la concurrence stratégique s’intensifie, l’Europe tente de défendre sa place face à des acteurs de plus en plus nombreux.
Près de quatre ans après leur dernière rencontre, l’Union africaine et l’Union européenne se sont retrouvées à Luanda les 24 et 25 novembre 2025. La reprise du dialogue a mis en évidence les transformations d’un continent désormais au cœur de rivalités géopolitiques, tandis que la déclaration finale a souligné l’importance de relancer une coopération essentielle au moment où l’Afrique affirme ses priorités en matière de souveraineté économique, d’industrialisation et de sécurité.
Pourtant, l’Europe est un partenaire majeur, avec près de 355 milliards d’euros d’échanges commerciaux en 2024 et plus de 100 milliards d’euros de flux de services enregistrés en 2023. Mais sa part relative dans le commerce africain s’est contractée pour atteindre environ 26,8%, contre près de 50% dans les années 1990. Ce recul intervient alors que d’autres puissances ont augmenté leur présence. Ainsi, la Chine a consolidé sa première place, avec environ 260 milliards d’euros d’échanges en 2024 et des investissements qui se sont multipliés dans les infrastructures et l’énergie. De son côté, la Turquie a porté ses flux commerciaux à près de 40 milliards de dollars et élargi son réseau diplomatique sur l’ensemble du continent. Pour sa part, la Russie s’est implantée davantage sur le terrain sécuritaire, via des accords militaires et des partenariats opérationnels.
Dans ce paysage concurrentiel, l’Europe cherche à redéfinir son approche. C’est dans ce cadre que le programme Global Gateway a été mis en avant comme l’un des principaux leviers pour soutenir la transition énergétique, renforcer le numérique, moderniser les transports et améliorer les capacités sanitaires, avec l’objectif d’étendre l’accès à l’électricité propre à 100 millions de personnes d’ici 2030. Les discussions ont aussi porté sur les minéraux critiques, dont l’Afrique détient une part essentielle et dont dépend l’industrie européenne, ainsi que sur les réformes liées à la dette, aux financements climatiques et à la gouvernance mondiale.
La question migratoire, les opérations africaines de paix et la transformation des économies à travers la ZLECAf ont complété les priorités affichées. Les prochains mois diront si ces engagements pourront se traduire en résultats tangibles, dans un contexte où l’Afrique voit sa marge de manœuvre s’élargir et son rôle stratégique s’affirmer dans un monde en recomposition.


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