À six mois de la présidentielle d’octobre, la démocratie tanzanienne vacille. Le 12 avril 2025, la Commission électorale a exclu le principal parti d’opposition, le Chadema, de toutes les élections jusqu’en 2030. Motif : son refus de signer un code de conduite électoral jugé partial.
Cette décision sans précédent frappe un parti déjà affaibli par des années de répression. En 2020 puis 2024, plusieurs de ses candidats avaient été disqualifiés. Cette fois, c’est l’ensemble de la formation politique qui est mise hors-jeu. Une mesure dénoncée comme arbitraire par ses avocats, qui accusent la Commission de collusion avec le pouvoir en place.
Le leader du Chadema, Tundu Lissu, récemment inculpé pour trahison, avait martelé la ligne du parti : « Pas de réformes, pas d’élections ». Chadema exige une refonte du système électoral, une commission indépendante, et une nouvelle Constitution. Pour ses cadres, signer ce code reviendrait à entériner une mascarade électorale au profit du CCM, au pouvoir depuis l’indépendance.
Le gouvernement de Samia Suluhu Hassan, candidate à sa réélection, rejette toute accusation d’atteinte à la démocratie. Pourtant, les témoignages de disparitions, d’arrestations et de violences à l’encontre des opposants se multiplient. La société civile et plusieurs observateurs dénoncent un processus électoral verrouillé.
Alors que 18 partis ont signé le code de conduite, Chadema reste seul dans sa posture de refus. Un isolement qui en dit long sur la configuration politique du pays.
Siondenin Yacouba Soro