En dépit de la démission du Président Evo Morales, qui a obtenu l’asile au Mexique, le dimanche 10 novembre, les violences persistent dans les rues, à tel point que la police, « dépassée » par la situation, selon son chef à La Paz, le colonel José Barrenechea, a demandé l'aide de l'armée bolivienne, qui a accepté. « Le commandement militaire a décidé que des opérations conjointes seront menées avec la police pour éviter le sang et le deuil dans la famille bolivienne », a annoncé le commandant en chef de l'armée, William Kaliman, dans une déclaration télévisée.
Depuis lundi, les forces de l'ordre se sont redéployées progressivement, faisant usage de gaz lacrymogènes à El Alto, une localité proche de la capitale, et bastion d'Evo Morales, pour disperser des groupes de manifestants encagoulés et armés de bâtons. Le dirigeant d’un collectif de citoyens, Waldo Albarracin, qui a œuvré en faveur de la démission de M. Morales, a déclaré que sa maison avait été incendiée et détruite par « une foule » de membres du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti du président démissionnaire. Albarracin, recteur de l’université d’État de La Paz, a diffusé sur son compte Twitter une vidéo de sa résidence en flammes. Une présentatrice de la chaîne Television universitaria, Casimira Lema, a elle aussi déclaré que sa maison avait été incendiée.
Vacance de pouvoir
Sur le plan politique également la situation est assez confuse. Le président socialiste n'est pas le seul à avoir démissionné : les successeurs prévus par la Constitution dans l'hypothèse d'un départ du chef de l'État ont eux aussi claqué la porte. Le Vice-président Alvaro Garcia, la Présidente et le Vice-président du Sénat, ainsi que le Président de la Chambre des députés, ont quitté leur poste, entraînant une vacance du pouvoir.
C'est donc la deuxième Vice-présidente du Sénat, Jeanine Añez, qui a revendiqué la présidence par intérim. « Nous allons convoquer des élections, avec des personnalités qualifiées qui vont conduire le processus électoral, afin de refléter ce que veulent tous les Boliviens », a-t-elle déclaré.
« Nous avons déjà un calendrier. Je crois que la population demande en criant que nous ayons un président élu le 22 janvier », a ajouté l'opposante de 52 ans, évoquant la date prévue avant la crise pour la prise de fonctions du prochain Président de la Bolivie.
Boubacar Sidiki Haidara