Mali: L'inévitable dissolution des partis politiques ?

En attendant les Consultations nationales des Forces vives, prévues les 28 et 29 avril 2025, les débats régionaux sur la relecture de la Charte des partis politiques ont abouti à des recommandations extrêmes.

Les conclusions des Concertations régionales des Forces vives concernant la relecture de la Charte des partis politiques se suivent et se ressemblent. Tenues les 16 et 17 avril 2025 dans toutes les régions du pays et dans le District de Bamako, ces rencontres ont presque toutes abouti aux mêmes recommandations, lesquelles, si elles sont validées lors de la phase nationale, scelleront définitivement le sort des partis politiques au Mali.

Parmi ces recommandations, celle de la dissolution des partis apparaît dans la majorité des régions, même si les formulations et les méthodes pour l’acter diffèrent d'une région à l'autre.

Si les Forces vives de la région de Ségou recommandent sans équivoque de « dissoudre tous les partis politiques et de repartir sur de nouvelles bases », celles de Koulikoro et de Tombouctou plaident pour la « dissolution des partis politiques actuellement en activité », tandis que les participants du District de Bamako suggèrent, quant à eux, de « suspendre tous les partis politiques au Mali ».

Au lieu de la dissolution de l'ensemble des partis politiques, les Forces vives de certaines régions proposent de réduire leur nombre. Alors qu'ils étaient jusque-là estimés à plus de 200, les partis seraient désormais  plus de 300 dans le pays, selon certains chiffres récents.

Mais, même sur la réduction, les recommandations sont loin d'être unanimes. La région de Kayes, par exemple, opte pour une limitation du nombre de partis à 4, tandis que Bamako et Koulikoro plaident pour une réduction à 5.

Les partis acculés

Par ailleurs, conformément à la recommandation des ANR de durcir les conditions de création des partis politiques, les Forces vives régionales s’en sont donné à cœur joie dans leurs propositions.

À Koulikoro, les participants ont plaidé pour une conditionnalité stricte, liée au paiement d'une caution conséquente, avant la délivrance des récépissés. Cependant, d'autres régions sont plus précises, avançant des montants. Dans la région de Kayes, les Forces vives conditionnent la création de partis politiques au paiement de 50 millions de francs CFA comme caution pour obtenir une autorisation, tandis qu'à Bamako elle est fixée comme « supérieure ou égale à 180 millions de francs CFA ».

Concernant toujours le durcissement des conditions de création, d'autres recommandations ressortent des consultations régionales, comme l'introduction d'une enquête de moralité dans la procédure de création des partis politiques ou encore l'obligation de représentativité des partis sur l'ensemble du territoire national.

Quant au financement public, la majorité des Forces vives s'y oppose. Non seulement elle recommande de supprimer ce financement, mais elle demande également à l'État de procéder à un audit du financement des partis politiques existants.

Parmi les autres recommandations récurrentes figurent la suppression du poste de Chef de file de l'opposition, même si Bamako plaide plutôt pour une réduction de son financement, la révision des dispositions de la Constitution concernant les partis politiques, l'interdiction de la réutilisation des noms de partis dissous dans la création de nouveaux partis et la facilitation des conditions de dissolution des partis politiques dans la nouvelle Charte.

Alertes

La majorité des partis politiques ont boycotté ces Consultations régionales et de plus en plus de leaders lèvent la voix contre une éventuelle dissolution, appelant à la préservation des acquis démocratiques.

« Si la question des partis politiques mérite d'être posée et traitée, évoquer leur dissolution serait non seulement contraire à l'esprit de la Constitution, mais aussi aux idéaux de la Révolution », dénonce Hamidou Doumbia, Secrétaire politique de Yelema, dans une lettre ouverte adressée au Président de la Transition.

Pour sa part, Yeah Samaké, Président du PACP, prévient : « nous ne pouvons pas empêcher quelqu'un de se lever pour dissoudre les partis, mais ces derniers continueront d'exister parce qu'un parti politique est une conviction et qu’on ne se bat pas contre la conviction ».

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