Nouvelle escalade dans la lutte d’influence entre le Canada et la Chine autour de l’affaire Huawei après qu’Ottawa a autorisé la procédure d’extradition aux États-Unis de Meng Wanzhou, numéro deux de la firme.
La riposte n’a pas tardé. Trois jours après que le Canada ait accepté de lancer la procédure d’extradition de la directrice financière du géant des télécommunications Huawei, Meng Wanzhou, vers les États-Unis, Pékin a accusé lundi 4 mars deux Canadiens « d’espionnage et de vol de secrets d’État ». Michael Kovrig et Michael Spavor avaient été arrêtés en décembre en Chine, quelques jours après l’interpellation de Meng Wanzhou à Vancouver. Et cette annonce marque une nouvelle aggravation dans les relations diplomatiques entre les deux pays.
Lundi, le Premier ministre canadien Justin Trudeau s’est dit « très préoccupé par la position que la Chine a adoptée ». Il a dénoncé de nouveau la « détention arbitraire » de Kovrig et de Spavor, un consultant considéré comme l'une des principales sources d'information de la diplomatie canadienne, selon l'agence Chine nouvelle. « Il est malheureux que la Chine poursuive ces détentions », a dit Justin Trudeau lors d'un déplacement dans l'est du Canada.
Pékin avait indiqué auparavant que les deux Canadiens étaient soupçonnés d'avoir mis en danger la sûreté nationale. Une inculpation pour espionnage les exposerait à de lourdes peines de prison.
Riposte rapide
L’arrestation de Meng Wanzhou, fille du fondateur et PDG de Huawei, a déclenché une tempête en Chine, les autorités réclamant sa libération immédiate. Dans un édito du Global Times, organe du Parti communiste au pouvoir, il était affirmé que la Chine « prendrait des mesures de rétorsion contre le Canada » si elle n’était pas libérée. Le 10 décembre, Kovrig et Spavor étaient arrêtés. En janvier, un troisième Canadien, Robert Lloyd Schellenberg, emprisonné en Chine depuis 2014 pour trafic de drogue, voyait lui aussi son sort s’aggraver brusquement. Alors qu’il avait été condamné en novembre à quinze ans de prison, sa peine a été commuée en condamnation à mort. Aussitôt, le site de conseils aux voyageurs du gouvernement canadien enjoignait à ses citoyens « la plus grande prudence en Chine en raison du risque d’application arbitraire des lois locales ». Justin Trudeau déplorait qu’un « pays comme la Chine commence à mêler des intérêts commerciaux avec l’emprisonnement de citoyens ».
Boubacar Sidiki Haidara