Trump frappe fort : L’Afrique bousculée

Le Président Donald Trump, revenu au pouvoir en janvier, a déclenché le 5 avril 2025 une nouvelle onde de choc dans le commerce mondial. En décrétant une taxe universelle de 10% sur toutes les importations, assortie de surtaxes spécifiques pouvant atteindre 50%, il a relancé la doctrine protectionniste qui avait marqué son premier mandat. L’objectif annoncé est de « restaurer la souveraineté économique américaine ». Mais les répercussions s’annoncent lourdes pour les économies dépendantes du marché américain.

L’Afrique figure parmi les grandes perdantes de cette offensive douanière. Plusieurs pays du continent étaient jusque-là bénéficiaires de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un régime commercial spécial adopté en 2000. Il permettait à une quarantaine d’États africains d’exporter des milliers de produits vers les États-Unis sans payer de droits de douane. En 2022, ces exportations ont représenté plus de 6,7 milliards de dollars.

Le Lesotho, petit royaume enclavé, en fait cruellement les frais. Sa fragile industrie textile, qui exporte 85% de sa production vers les États-Unis, est désormais confrontée à une surtaxe de 50%. Les conséquences sont immédiates : des milliers d’emplois menacés et des fermetures d’usines en cascade. À Madagascar, ce sont des taxes à 47% qui frappent désormais les produits textiles. L’Afrique du Sud subit une taxe moyenne de 31%, affectant ses secteurs minier et automobile. Le Kenya, relativement épargné avec 10%, espère paradoxalement y voir une opportunité pour supplanter certains concurrents asiatiques, mais les coûts internes et les risques de récession mondiale pèsent lourdement.

L’AES hors du jeu américain

Dans le Sahel, les trois pays membres de la Confédération AES (Mali, Burkina Faso, Niger) semblent à l’écart de cette crise tarifaire. Non pas parce qu’ils y échappent, mais parce qu’ils ont déjà été exclus de l’AGOA. Le Mali a perdu son éligibilité dès janvier 2022, suivi du Burkina Faso en 2023 et du Niger en 2024. Depuis, leurs échanges avec les États-Unis sont redevenus marginaux.

Cette mise à l’écart s’inscrit dans une logique plus large de rupture. En mars dernier, l’AES a instauré une taxe commune de 0,5% sur toutes les importations pour financer ses institutions confédérales. Une manière d’affirmer une souveraineté économique face à l’isolement occidental. Mais cette bascule vers d’autres partenaires – Chine, Russie, Turquie – est fragile.

Ce tour de vis américain intervient alors que l’AGOA arrive à échéance en septembre 2025. Son renouvellement semble désormais incertain. Si cette fenêtre se ferme, de nombreuses économies africaines devront revoir leur modèle d’intégration mondiale. Quant à l’AES, son absence prolongée du système commercial américain risque de la priver durablement de débouchés stratégiques.

Ces décisions confirment une recomposition des relations commerciales mondiales. Pour l’Afrique, et surtout pour le Sahel, elles soulignent la nécessité de consolider des alternatives viables, sans pour autant rompre les liens avec les marchés internationaux. L’équilibre entre souveraineté économique et intégration mondiale sera plus que jamais déterminant.

À LIRE AUSSI

APPELS D'OFFRES
L’Hebdo - édition du 19/12/2024
Voir tous les Hebdos
Edito
Par KODHO

Pour les humains et pour la planète

La 27ème édition de la Conférence annuelle des Nations unies sur le Climat, la COP27, s'est ouverte il y a quelques jours à Sharm El Sheikh, en Égypte. ...


Lire la suite
JDF TV L'actualité en vidéo
Recevez toute l’actualité

Inscrivez-vous à la Newsletter du Journal d'Abidjan et recevez gratuitement toute l’actualité