CPI : Une session décisive face aux critiques et aux attentes de réforme

Du 1ᵉʳ au 6 décembre 2025, l’Assemblée des États parties au Statut de Rome tient sa 24ème session à La Haye pour discuter de l’avenir de la Cour pénale internationale. Dans un contexte de fortes contestations, les délégations doivent défendre la Cour, répondre aux critiques et améliorer son fonctionnement.

Créée pour juger les crimes les plus graves, la CPI arrive à cette session avec un bilan fortement scruté. Depuis 2023, elle a franchi un seuil politique en émettant un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour la déportation d’enfants ukrainiens, une première visant un dirigeant d’un membre permanent du Conseil de sécurité. En 2024, elle a aussi visé Benjamin Netanyahu, Yoav Gallant et Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité liés à la guerre de Gaza et aux attaques du 7 octobre.

Ces décisions ont ravivé les critiques contre la CPI. La Russie, Israël et les États-Unis l’accusent de dérives politiques, tandis que plusieurs pays africains maintiennent leurs reproches de « justice sélective ». En septembre 2025, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait du Statut de Rome, qu’ils qualifient d’instrument « néocolonial », même si ce retrait ne sera effectif qu’au bout d’un an et ne suspend pas les enquêtes en cours, notamment celles visant les crimes commis au Mali depuis 2012.

À La Haye, les États parties examineront le budget 2026, renouvelleront plusieurs organes techniques et passeront en revue les chantiers de réforme déjà engagés. Les discussions porteront aussi sur la coopération des États, la protection des témoins et l’avenir du Fonds au profit des victimes. Plusieurs délégations et ONG réclament une Cour plus visible sur le terrain, mieux comprise des communautés affectées et capable de rendre effectives les réparations ordonnées.

Dans le même temps, les États parties doivent gérer des pressions croissantes. Les sanctions américaines visant des juges impliqués dans les mandats contre les dirigeants israéliens rappellent la fragilité d’une Cour théoriquement indépendante mais toujours tributaire de la coopération de ses membres pour appliquer ses décisions.

Cette 24ème session constitue une double épreuve. Les États parties doivent défendre un outil essentiel contre l’impunité dans un contexte international fragmenté, tandis que la Cour cherche à démontrer sa capacité à se réformer, à élargir réellement le champ de ses poursuites au-delà des États les plus exposés et à rester une instance crédible pour les victimes lorsque les juridictions nationales échouent.

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