Plus d'un millier de femmes autochtones assassinées ou disparues au Canada ces dernières décennies ont été victimes d'un véritable « génocide », selon les conclusions controversées d'une commission d'enquête publique qui a rendu son rapport le 3 juin, après plus de deux ans de travaux.
« Même si le génocide canadien vise tous les peuples autochtones, il cible particulièrement les femmes, les filles » et les minorités sexuelles, précise le texte, intitulé « Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ».
En 2016, le gouvernement de Justin Trudeau avait lancé une commission nationale d’enquête sur des centaines de meurtres et de disparitions non élucidés de femmes autochtones depuis 30 ans. Au total, près de 2 400 membres des communautés indigènes ont été interrogés.
Le rapport de 1 192 pages dénonce les violences commises envers les femmes autochtones, vivant pour beaucoup dans la précarité au sein de réserves où l’accès à l’eau courante n’est pas toujours assuré. En cause notamment les « idéologies colonialistes » du gouvernement fédéral, avec par exemple le système des pensionnats autochtones, institutions mises en place au début du 19ème siècle jusque dans les années 1990, qui visaient à « assimiler » des dizaines de milliers d’enfants autochtones en les séparant de leurs familles.
Justin Trudeau a fait de la réconciliation avec les 1,6 million d’autochtones une priorité. Le Premier ministre a d’ailleurs présenté l’an dernier les excuses de l’État canadien pour les pensionnats autochtones. Le rapport appelle à des réformes majeures, faisant 231 recommandations pour améliorer la sécurité, la justice, la santé et la culture pour les autochtones, Inuits et Métis, qui forment un peu plus de 4% de la population canadienne.
« Une histoire inimaginable »
« C'est une histoire qui est inimaginable pour la plupart des Canadiens. Mais pour beaucoup de gens, c'est une réalité déchirante », a réagi Justin Trudeau. « Notre système judiciaire ne leur a pas rendu justice et a échoué, malheureusement", a-t-il dit, sans jamais reprendre cependant le terme de « génocide ».
« C'est honteux. C'est inacceptable et cela doit prendre fin », a-t-il insisté, promettant de lancer un « Plan d'action national » pour apporter des réponses « concrètes et cohérentes » aux conclusions du rapport.
« Le Canada est un pays colonial » (...) qui a « imposé » ses « propres lois, institutions et cultures aux peuples autochtones » en cherchant à les « éliminer », rappelle le rapport.
Boubacar Sidiki Haidara