Le Soudan est plongé dans un conflit sanglant où les violences sexuelles sont devenues une arme de guerre. Depuis le début de l’année 2024, 221 cas de viols d’enfants ont été recensés, selon les services de prise en charge des violences liées au genre. Derrière ces chiffres glaçants se cache une réalité encore plus sombre : de nombreuses victimes, par peur de représailles ou de stigmatisation, ne se manifestent pas.
« Des enfants d’à peine un an sont violés par des hommes armés. Cette seule affirmation devrait toutes et tous nous glacer d’effroi et nous obliger à prendre des mesures immédiates », alerte Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF. Au Soudan, la violence sexuelle est utilisée comme une tactique de guerre, une violation flagrante du droit international pouvant être qualifiée de crime de guerre.
Parmi les 221 cas enregistrés, 147 sont des filles, mais les garçons ne sont pas épargnés : ils représentent 33 % des victimes, un chiffre qui souligne l’ampleur du fléau. Plus effrayant encore, 16 enfants de moins de 5 ans ont été agressés, dont quatre nourrissons d’un an.
Ces agressions laissent des marques indélébiles sur les victimes. La peur pousse de nombreuses femmes et jeunes filles à fuir leur foyer, cherchant refuge dans des camps de déplacés où elles restent vulnérables à d’autres violences. Les survivantes doivent affronter des traumatismes profonds, des grossesses non désirées, des infections et, souvent, le rejet de leur communauté.
Face à cette crise humanitaire, l’UNICEF multiplie les initiatives : création d’espaces sécurisés pour les victimes, renforcement des services de santé, formation de travailleurs sociaux et déploiement d’équipes spécialisées. Mais ces efforts restent insuffisants sans une mobilisation internationale forte.
L’organisation demande aux parties en conflit de respecter le droit international et de mettre un terme à l’usage de la violence sexuelle comme arme de guerre. Elle plaide également pour la protection des infrastructures de santé, un accès sécurisé aux services humanitaires et un financement accru des programmes de lutte contre les violences basées sur le genre.
Chaque jour qui passe plonge davantage le Soudan dans l’horreur. Les enfants, premières victimes de cette guerre, paient un tribut insoutenable. L’urgence est absolue : il faut agir maintenant.
S.S.Y