Le dernier rapport du Timbuktu Institute, publié le 28 avril 2025, révèle une dynamique préoccupante dans la région des trois frontières Mali – Mauritanie – Sénégal. Le Jama'at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), principale filiale d’Al-Qaïda au Sahel, multiplie ses incursions dans la région de Kayes, combinant actions militaires ciblées, exploitation criminelle des ressources et infiltration économique à travers l'exploitation minière et forestière.
Cette stratégie vise à établir des réseaux transfrontaliers durables facilitant les mouvements de ressources et d'hommes. La porosité des frontières, particulièrement marquée dans le Sénégal oriental, accentue la vulnérabilité d’une zone où le chômage élevé, les inégalités socio-économiques et la montée d’un salafisme radicalisé créent un terreau favorable aux tentatives d'infiltration idéologique.
Bien que le Sénégal bénéficie d’atouts structurels, notamment une forte cohésion sociale et des forces de sécurité professionnelles enracinées dans les communautés locales, ces garanties ne sauraient suffire face à l'agilité et à la stratégie insidieuse du JNIM. Les accords bilatéraux de coopération sécuritaire avec le Mali et la Mauritanie sont encore en deçà des défis actuels.
Le rapport insiste sur la nécessité de renforcer la résilience communautaire, d’étendre la présence sécuritaire permanente dans les zones à risque et de développer des programmes intégrés, associant réponse sécuritaire, action sociale et dialogue religieux, pour contenir efficacement cette menace naissante.