Ce Dimanche 4 mai, alors qu’il s’adressait à la population dans le comté de Migori, à l’ouest du Kenya, le président William Ruto a esquivé en direct une chaussure lancée depuis la foule. L’incident, capté sous plusieurs angles et largement relayé sur les réseaux sociaux, n’a pas fait de blessé, mais en dit long sur la tension qui règne dans le pays.
En pleine tournée de trois jours axée sur les projets de développement, le chef de l’État évoquait la baisse du prix des engrais lorsqu’un projectile inattendu a perturbé son discours. Loin d’être anodin, ce geste fait écho au profond mécontentement d’une partie de la population, éprouvée par la cherté de la vie et lassée des promesses politiques.
Si certains proches du pouvoir, comme Dennis Itumbi, ont minimisé l’événement en évoquant une « plaisanterie dégénérée », les autorités ont pris l’affaire au sérieux : trois personnes ont été arrêtées, selon le ministre de l’Intérieur. L’épisode rappelle une autre scène, le jet de chaussure contre George W. Bush en 2008, devenu symbole de protestation dans les rues de Bagdad.
Au Kenya, la chaussure devient ainsi, l’espace d’un instant, un vecteur de colère populaire. Dans un contexte où l’insécurité politique s’aggrave avec même un député ayant été récemment abattu à Nairobi. Ce lancer improvisé illustre la fracture croissante entre gouvernants et gouvernés.
Siondenin Yacouba Soro