C’est une augmentation du prix du carburant qui a fait tomber le pays dans une nouvelle crise violente. Depuis le 6 juillet, la situation est extrêmement tendue et pourrait aboutir à un changement de régime à la tête de la petite île.
Fin des subventions Les chefs de l’exécutif sont pointés du doigt pour avoir répondu positivement à une injonction du Fonds monétaire international (FMI) de mettre fin aux subventions publiques sur les hydrocarbures. De violents rassemblements ont éclaté dès l’annonce de la hausse des prix à la pompe comprise entre 38% et 51%, consécutive à cette décision. Les pillages, les incendies de commerces, de véhicules et les blocages des axes routiers majeurs de la capitale se sont succédés. Bilan des échauffourées : au moins quatre morts. Les émeutes ont repris en fin de journée du lundi 9 juillet et le pays est dans une « situation qui s’apparente à une guerre civile », selon un média local. L’aéroport de la ville est saturé de voyageurs qui souhaitent quitter l’ile mais ne le peuvent pas, la majorité des vols étant compromis voire annulés. La frontière avec la République Dominicaine voisine est fermée.
L’accord avec le FMI vise à promouvoir la croissance économique et la stabilité haïtienne, et à réduire la pauvreté. Son programme s’étend de mars à août 2018, et prévoit un certain nombre de réformes économiques et structurelles. Et ce, pour permettre la relance des investissements publics dans d’autres secteurs comme la santé, l’éducation ou les services sociaux. Mais ce programme, aux retombées immédiates fort impopulaires, n’a guère fait l’objet de communication et les premières mesures de sa mise en œuvre ont braqué jusqu’à l’Hémicycle haïtien. Plusieurs députés n’ont ainsi pas manqué de demander l’annulation de la hausse des prix, qui aggrave la situation de la population haïtienne, parmi les plus pauvres du monde.
Dehors le Président ! Après le rétropédalage intervenu finalement deux jours après le début des heurts, c’est à l’exécutif que s’en prennent les manifestants et plusieurs responsables politiques qui n’ont pas caché leur souhait de les voir rendre le pouvoir. Une demande qui se concrétise puisque le Président de la République, Jovenel Moïse a accepté mardi 10 juillet de quitter l’île pour une destination pour l’heure inconnue. C'est Joseph Lambert, l'actuel président du Sénat qui devrait le remplacer provisoirement. Et c’est une nouvelle ère d’incertitude qui s’ouvre pour Haïti.