AES - UA : La médiation africaine à l’épreuve d’une suspension prolongée

La nomination de l’ancien Président burundais Évariste Ndayishimiye comme envoyé spécial de l’Union africaine pour le Sahel intervient dans un contexte où les trois États de l’Alliance des États du Sahel (AES) prolongent leurs transitions militaires de cinq ans. Cette situation inédite met à l’épreuve les mécanismes institutionnels et la capacité de médiation de l’organisation continentale.

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, membres de l’AES, sont suspendus des instances de l’Union africaine depuis leurs coups d’État respectifs, en août 2020, janvier 2022 et juillet 2023. En vertu de l’article 30 de l’Acte constitutif et de l’article 25 de la Charte africaine de la démocratie, cette suspension les exclut des sommets, des votes, des comités spécialisés et de la prise de décision au sein de toutes les instances continentales. Elle leur interdit de siéger aux organes consultatifs, de prendre part aux décisions collectives et d’influencer les politiques communes, ce qui constitue un isolement institutionnel complet. De même qu’elle entraîne aussi la suspension de certaines aides techniques, bien que l’UA n’ait pas imposé de sanctions économiques, laissant ce rôle à la CEDEAO. Ces décisions, confirmées à plusieurs reprises par le Conseil de paix et de sécurité, resteront en vigueur tant qu’un calendrier consensuel de retour à l’ordre constitutionnel ne sera pas annoncé.

L’annonce par les autorités de l’AES d’une prolongation des transitions jusqu’en 2029 au moins rend cette suspension plus problématique. Conçue comme transitoire, elle devient durable, sans disposition claire dans les textes pour résoudre une telle impasse. Cette situation prolonge leur mise à l’écart diplomatique, fragilise leur accès à des fonds africains pour des programmes climatiques, économiques, de santé publique ou de sécurité et marginalise leur voix dans les grands débats africains.

Elle compromet également leur participation aux initiatives régionales de réponse aux crises humanitaires et à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Sur le terrain, les trois pays continuent pourtant de participer aux missions de maintien de la paix, sans peser dans les orientations politiques de l’organisation.

Dans ce contexte, le Président de la Commission de l’UA a nommé le 17 juillet 2025 Évariste Ndayishimiye comme envoyé spécial pour le Sahel. Sa mission est d’intensifier le dialogue direct avec les autorités sahéliennes, d’y associer la société civile et de rappeler les engagements contenus dans les instruments juridiques. Sa nomination, saluée par certains États membres comme un geste d’ouverture, a été accueillie avec réserve par les dirigeants de l’AES, déterminés à poursuivre leur trajectoire malgré l’isolement institutionnel.

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