La Fondation Mo Ibrahim, acteur majeur de la promotion de la bonne gouvernance en Afrique, a officialisé le 8 avril 2025 l’intégration de nouveaux membres à son Conseil et au Comité du Prix Ibrahim. Parmi eux figure l’ancien président sénégalais Macky Sall, une nomination qui suscite une vive controverse au sein de l’élite académique sénégalaise.
Si la Fondation se félicite de collaborer avec des personnalités d’envergure telles que Josep Borrell, Moussa Faki Mahamat ou Mark Malloch-Brown, l’entrée de Macky Sall a provoqué une levée de boucliers. Le 11 avril, soixante-quatre intellectuels et enseignants-chercheurs sénégalais ont signé une tribune dénonçant un « passif démocratique accablant ». Ils y voient une contradiction flagrante avec les valeurs que défend la Fondation.
Les signataires pointent notamment la tentative avortée de report de l’élection présidentielle de 2024, invalidée par le Conseil constitutionnel, ainsi que des atteintes aux droits et libertés sous ses deux mandats. Pour eux, cette nomination revient à légitimer une gouvernance jugée autoritaire et répressive.
Dans un contexte où la démocratie sénégalaise continue de se débattre avec ses fragilités, le choix de Macky Sall divise. Si la Fondation n’a pas réagi aux critiques, son silence interroge. L’incompréhension persiste, avec un débat de fond sur les critères d’exemplarité dans l’évaluation des dirigeants africains.
Cette polémique soulève une question : promouvoir un leadership africain éthique implique-t-il d’ignorer les zones d’ombre de certains parcours politiques ? Pour nombre d’universitaires sénégalais, la réponse est claire : l’intégrité ne se négocie pas.
Siondenin Yacouba Soro