Si les prochaines élections locales se présentent pour toutes les principales formations politiques ivoiriennes comme un test de vérité sur leur vitalité et niveau d’implantation nationale avant la présidentielle de 2025, ces scrutins revêtent davantage ce caractère pour le Parti des peuples africains (PPA-CI) de l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo.
Depuis 2010, les partisans de Laurent Gbagbo ont régulièrement boycotté toutes les élections organisées en Côte d’Ivoire, en pointant des « conditions opaques d’organisation » de ces scrutins par «une Commission électorale aux ordres » du parti au pouvoir.
Mais, bien plus que ces raisons, ils faisaient de la libération de leur leader et de son retour dans le jeu politique ivoirien une condition sine qua non à toute participation à un scrutin. Cette stratégie a fini par diviser le Front populaire ivoirien (FPI) en deux camps. L’un conduit par l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan et l’autre dirigé d’abord par Abou Dramane Sangaré puis, après son décès, par Assoa Adou.
Vérité des urnes Acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), Laurent Gbagbo est rentré en Côte d’Ivoire le 17 juin 2021 et a fondé 4 mois plus tard le PPA-CI qui va (s’il aligne des candidats) participer pour la première fois à des élections locales. Si les principales figures du parti, transfuges pour la plupart du FPI abandonné à Affi N’guessan, ne sont pas des illustres inconnues sur l’échiquier politique, le PPA-CI est toutefois moins présent que les deux principales formations du pays : le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), l’ancien parti unique, dirigé par Henri Konan Bédié et le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) de l’actuel chef de l’État Alassane Ouattara. Pendant longtemps, quand ils militaient encore tous au FPI, les animateurs du PPA-CI ont moqué le camp Affi N’guessan pour ses faibles résultats électoraux. Cette première participation à des élections locales devrait permettre au parti de Laurent Gbagbo de jauger son poids réel 2 ans après sa création. D’autant plus que les députés de l’Assemblée nationale qui se réclament aujourd’hui du PPA-CI ont été élus en mars 2021, pour certains en alliance avec le PDCI et sous la bannière de la plateforme Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté (EDS), une coalition hétéroclite de petits partis. S’il avait été relativement facile de faire des listes communes avec le PDCI lors des législatives dans des circonscriptions où souvent plusieurs sièges de députés étaient à pourvoir, il ne devrait pas en être autant pour les municipales et régionales, où il n’y a qu’un seul siège en jeu à chaque fois.
Serge Alain KOFFI
JDF TV
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