Il avait la foule, il avait la scne, il avait le moment. Mais il a prfr le silence. Du moins, ce silence stratgique que seuls les vieux fauves de la politique savent cultiver. Ce dimanche 22 juin, au stade olympique Alassane Ouattara dbimp, lattente fut longue, lesprance dense, mais la dcision, elle, fut reporte. Le prsident du Rassemblement des houphoutistes pour la dmocratie et la paix (RHDP), Alassane Ouattara, a gard ses cartes bien ranges : Je vous ai entendus. Je vous ai compris. Je vous remercie de votre confiance.
Une réponse évasive, presque poétique, lancée à une foule en liesse, venue de tous les coins du pays, espérant une investiture claire pour la présidentielle du 25 octobre 2025. L’attente fut vaine. Ouattara, président de la République et maître du jeu au RHDP, s’est refusé à livrer ce que d’aucuns considèrent comme l’ultime décision de briguer ou non un second mandat.
Le stade était plein. L’ambiance, survoltée. Les cadres, rassemblés. Le décor, planté pour une proclamation. Et pourtant, il a préféré jouer la montre : « Je prendrai, dans les jours qui viennent, après mûre réflexion, en âme et conscience, une décision. » Une manière d’occuper le terrain sans se mouiller. Une manière aussi de laisser planer l’ombre du doute dans une atmosphère politique de plus en plus agitée.
Car autour du RHDP, les lignes bougent. Les adversaires affûtent déjà leurs armes. Le PPA-CI a désigné Laurent Gbagbo, le PDCI-RDA mise sur Tidjane Thiam, pendant que le FPI, en ordre dispersé, tente de se repositionner. Et cette hésitation, pour certains, nourrit plus d’inquiétude que de stratégie.
Pourtant, Ouattara n’est pas resté muet. Il a parlé de bilan, avec emphase. D’un pays relevé, d’un parti enraciné, d’une nation reconstruite. Éducation, santé, infrastructures, sécurité, paix… la liste était longue et les succès, brandis comme des trophées. « Les résultats les plus importants et dont nous devons être le plus fiers, sont la paix, la stabilité et la sécurité retrouvées », a-t-il martelé devant des militants chauffés à blanc.
Mais le cœur du discours n’était pas dans le bilan. Il battait ailleurs : dans le non-dit d’une candidature attendue. « Président, encore une fois ! », scandaient les militants. Lui a répondu avec tact, sans promesse, sans renoncement non plus. Il reste président du RHDP, mais reste muet sur la présidentielle.
En creux, se dessine une stratégie : tester les échos, jauger les équilibres, sonder l’opinion. Ouattara sait que dans un pays où les tensions électorales sont récurrentes, le moindre mot pèse lourd. Il sait aussi que dans l’attente, le pouvoir conserve son ascendant.
Alors, la majorité présidentielle patiente, les militants s’accrochent à l’espérance. Et l’opposition, elle, affine ses coups. La question reste entière : Ouattara ira-t-il ou pas ? Le rideau n’est pas tombé. Mais le jeu politique, lui, est bien ouvert.
Siondenin Yacouba Soro