Relations Côte d’Ivoire / Burkina : Où en sommes-nous ?

Exemple de réussite de la coopération Sud - Sud et puissant levier pour le développement et le progrès, le Traité d’amitié et de coopération (TAC) est dans sa dixième année, après sa signature le 29 juillet 2008. La Côte d’ivoire et le Burkina Faso maintiennent leurs engagements du départ, recoudre les liens ivoiro-burkinabès écorchés par la crise ivoirienne et garantir la stabilité et la prospérité des deux États. Le cadre annuel de concertation entre les chefs d’États en est à sa septième édition. En plus des tensions que chaque pays a connu à l’interne depuis 2010, les relations n’ont pas toujours été au beau fixe, notamment à cause de la vague qui a emporté l’ex Président burkinabè Blaise Compaoré et la gestion de la transition.

Entre les rafales des preneurs d’images et les chuchotements entre diplomates à la sortie des conférences au sommet, le ton et le langage ont toujours été les mêmes. « La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont deux voisins qui entretiennent de très bonnes relations ». Pourtant, lors de la première session, en 2009, les relations étaient encore tendues entre les deux peuples et les ex Présidents Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo, même s’ils en étaient les initiateurs. Elles sont devenues plus cordiales entre Compaoré et Alassane Ouattara entre 2011 et 2014, date de la chute de l’ex Président burkinabè, après plus de 27 ans à la tête de son pays. Cette chute a ravivé les tensions au sommet entre les autorités ivoiriennes et les nouvelles autorités burkinabès, qui ont accusé Abidjan de soutenir le président déchu. Plusieurs officiels ivoiriens, dont le Président du Parlement Guillaume Soro et le Chef d’État-major particulier du Président de la République, Vagondo Diomandé, sont nommément cités et la justice burkinabè souhaite les entendre. L’exil en terre ivoirienne de Blaise Compaoré et sa naturalisation ont également froissé Ouagadougou, compliquant les relations sous l’ère de la transition pilotée par le Président Kafando et Isaac Zida. L’arrivée de Roch Marc Kaboré, élu le 29 novembre 2015 a détendu l’atmosphère et le Traité d’amitié et de coopération (TAC) reprend son cours sous de bons auspices, mais avec plusieurs sujets qui fâchent.

Coopération D’importants accords ont été signés dans divers domaines, dont la défense et la sécurité, les transports, l’économie, l’agriculture, la culture, l’énergie, la santé, l’éducation et les affaires sociales. Les deux pays se sont engagés à renforcer les relations de bon voisinage et à construire un axe économique, politique et social fort. Affirmant que le TAC avait atteint sa phase de maturité en 2016, le Président Alassane Ouattara insistait sur le fait que les gouvernements ivoirien et burkinabè devaient veiller à ce que les nombreux accords signés « depuis la création du TAC soient effectivement mis en œuvre. Car les populations suivent avec intérêt les rencontres et fondent beaucoup d’espoirs dans cet instrument unique de coopération bilatérale ». Si quelques avancées ont été notées, les deux parties n’ont pas véritablement fait preuve « de plus d’audace, d’engagement, de détermination et de célérité » dans la mise en œuvre des décisions prises. Le 23 juillet, à l’ouverture de la septième session de la Conférence au sommet à Yamoussoukro, les fonctionnaires et experts des deux pays se félicitaient pourtant mutuellement « des avancées », tout en « encourageant à la diligence sur certains dossiers ». Le ton était plus à la diplomatie et à la réflexion en attendant le Conseil des ministres conjoint prévu pour le 28 juillet en présence des deux chefs d’État. L’ordre du jour portera sur la sécurité et la défense, la réhabilitation, le renforcement et le développement des réseaux routiers et ferroviaires, le suivi de la situation post-évacuation du Parc national du Mont Péko, la matérialisation de la frontière Côte d’Ivoire - Burkina Faso, la fourniture d’électricité et d’hydrocarbures au Burkina Faso et les questions relatives à la jeunesse et à la femme.

Sur des œufs Au-delà des questions économiques et techniques, l’évacuation du Mont Péko est une pomme de discorde. Pour une population de plus de 3,55 millions de Burkinabès vivant en Côte d’Ivoire, selon l’Institut national de statistique (INS), l’ambassadeur du Burkina, Mahamadou Zongo, précise que le district d’Abidjan, à lui seul, en regroupe 11,96% et que 61,98 % se trouvent dans les forêts de l’ouest de la Côte d’ivoire contre à peine 10,80% dans le nord-est ivoirien. « Nous avons plus de 67% des populations burkinabés vivant en Côte d’Ivoire qui n’ont aucun niveau d’instruction. La méconnaissance des textes et le fait de ne pas participer aux rencontres initiées par les autorités pèsent lourdement dans les situations d’incompréhension », confie le diplomate, qui révèle que, « selon les chiffres à notre disposition, il y a en Côte d’Ivoire 231 forêts classées occupées de manière illégale ».  Malgré l’évacuation des populations dans certaines forêts en 2016, suivie de la visite d’un comité mixte d’experts burkinabès et ivoiriens pour dresser l’état des lieux et décider des dispositions à prendre, les choses n’ont pas véritablement évolué. Les deux parties ont aussi reconnu la nécessité de la formulation d’une requête burkinabè pour organiser le retour volontaire ou l’insertion professionnelle des personnes évacuées. Mais le temps presse du côté ivoirien, qui veut récupérer ces terres et ces forêts occupées illégalement, à la faveur de la crise, entre 2000 et 2010. Une situation qui soulève à la fois des questions sociales (déplacements de fortes populations) et des d’ordre économique (terres, plantations et forêts). Selon un diplomate ivoirien, « même si les relations entre les deux pays sont au beau fixe, la  Côte d’Ivoire et le Burkina Faso marchent prudemment face aux nouvelles menaces et aux défis globaux qui pourraient à terme constituer des freins à leur ambition. Il s’agit notamment de la question de l’immigration illégale, du terrorisme et de la criminalité transnationale ». Autre sujet, mais qui agace de moins en moins, la question Blaise Compaoré, Ouagadougou n’ayant toujours pas renoncé à « son citoyen », désormais Ivoirien. Même si, au plan politique, les deux Présidents se sont rendu plusieurs visites et ont dépêché des délégations de haut niveau de part et d’autre, le ciel ne s’est pas pour autant totalement éclairci. « L’épisode de l’imbroglio politico-judiciaire dans lequel des officiels ivoiriens sont cités refait toujours surface lors des sommets. Les dossiers Guillaume Soro et Blaise Compaoré ont connu des règlements diplomatiques, mais il n’empêche que les peuples et la justice veulent voir la vérité éclater », souffle un expert burkinabé présent dans la capitale politique ivoirienne dans le cadre du TAC. Dans les allées de l’Hôtel des parlementaires, la question est au bord de plusieurs lèvres, mais « pas un mot à ce  propos », prévient un haut fonctionnaire burkinabè. « Nous avons des experts dans tous les domaines, nous travaillons pour le bonheur et l’avancée de nos deux pays et les questions sensibles et politiques ne sont pas de notre compétence », lance-t-il l’air un peu agacé.

En retrait Même si elles sont au cœur des discussions du TAC, les populations ivoiriennes s’y intéressent très peu. « Les accords sont nombreux mais n’ont pas un impact direct sur le quotidien de nos deux populations », reconnait le diplomate ivoirien cité plus haut. La paix retrouvée en Côte d’Ivoire et la baisse des tensions entre les deux pays est pourtant le fruit de ces rencontres au sommet, soutient-il.  Malgré cela, note un employé de l’ambassade du Burkina Faso en Côte d’Ivoire, les tensions reste vives entre les burkinabès et certaines populations ivoiriennes de l’ouest du pays, où le calme est précaire depuis la fin de la crise, en 2011. « Nos autorités doivent avoir le courage d’aborder la question afin de vider tous les contentieux à l’ouest du pays et la solution sera trouvée avec les différents peuples qui se côtoient quotidiennement » prévient-il. Selon lui, qui se présente comme membre de plusieurs délégations au contact des populations burkinabès en Côte d’ Ivoire, celles-ci réduisent le TAC à des « arrangements politiques » qui ne tiennent pas compte de l’avis de ceux auxquels on doit les appliquer.

Ouakaltio OUATTARA

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