Enfants dans la cacaoculture : Objet de pression ?

La Côte d’Ivoire traine depuis une vingtaine d’années la question de la présence des enfants dans la cacaoculture. Les autorités s’évertuent à expliquer que ce phénomène n’est qu’un gros malentendu, mais malgré leurs efforts les rapports internationaux démontrent le contraire. La menace américaine de mettre sous embargo le cacao ivoirien pourrait bien mettre le pays dans une situation inconfortable. Entre plaidoyers et campagnes, certains acteurs y voient plutôt une stratégie des chocolatiers pour contrer la volonté ivoiro-ghanéenne de contrôler les prix.

La Côte d’Ivoire était à l’honneur au 25ème Salon du chocolat, qui s’est tenu à Paris du 29 octobre au 3 novembre dernier. Premier producteur mondial de cacao, le pays y était surtout pour soigner son image, entachée par plusieurs enquêtes, controversées ou pas, sur le travail des enfants dans la cacaoculture. Y a-t-il des gosses qui travaillent dans les plantations de café - cacao ? Qui sont-ils réellement et comment doit-on qualifier le type de travaux qu’ils y effectuent ? C’est la problématique dans l’opinion nationale. Depuis la publication des premières études sur le phénomène, il existe un réel amalgame. L’une des dernières études en date est celle de l’organisation australienne Walk Free Foundation, versée dans la lutte contre la traite des êtres humains, qui a publié en 2018 un classement pays par pays du nombre de personnes « en esclavage moderne ». Cette année-là, l’indice mondial de l’esclavage a comporté un chapitre particulièrement préoccupant sur le travail forcé lié au cacao au Ghana et en Côte d’Ivoire. Selon les résultats, 1,5 million d’enfants âgés de 10 à 17 ans, travaillent en Côte d’Ivoire et au Ghana. En Côte d’Ivoire, le nombre d’enfants travailleurs entre octobre 2016 et novembre 2017 a été estimé à 829 000 (dont 769 000 travaillant dans des conditions dangereuses), sur les 891 000 qui étaient dans la cacaoculture, selon cette étude. Elle précise d’ailleurs que moins de 1% des enfants qui travaillent sont forcés de travailler par quelqu’un d’autre qu’un parent. Soit 2 000 enfants travailleurs forcés en Côte d’Ivoire (0,17%). Des informations corroborées par la Fondation International Cocoa Initiative. Bien que le rapport reconnaisse les efforts déployés par les gouvernements pour lutter contre l’exploitation des enfants dans le cacao, la Walk Free Foundation a cependant souligné l’importance limitée accordée au travail forcé des enfants, mais surtout la quantité relativement faible de données recueillies à ce jour.

Actions Les premiers acteurs impliqués dans la cacaoculture semblent plutôt sceptiques sur ces questions. Président de la Fédération des organisations des producteurs de café - cacao (FOPCC), Franck Sié Kambou déplore surtout la méthodologie de recueil de données sur le travail des enfants dans la cacaoculture en Côte d’Ivoire. « Aucune structure locale n’a produit jusque là d’enquête sur ce fléau. Toutes les études qui ont été faites l’ont été par des organismes étrangers. À chaque fois que nous avons demandé des preuves, ils ont été incapables de nous les fournir. Nous ne disons pas que ce sont des faits inventés, mais nous nous interrogeons tout simplement sur la raison pour laquelle les enquêteurs refusent de nous livrer non seulement leurs sources, mais aussi le lieu exact où ils mènent leurs enquêtes. Cela pourrait passer pour une campagne de dénigrement contre la Côte d’Ivoire », regrette-t-il. Un avis partagé par plusieurs acteurs du secteur. Selon ces derniers, les chocolatiers ont toujours utilisé cette méthode pour mettre la pression sur les pays producteurs. « La volonté de la Côte d’Ivoire et du Ghana de fixer d’un commun accord le prix bord champs n’est pas du goût de ces derniers. Ils utilisent le travail des enfants comme moyen de pression sur les pays producteurs, afin de toujours contrôler les prix. Reste à savoir si les deux premiers producteurs mondiaux résisteront à cette pression », explique un trader. Si certains producteurs sont du même avis que lui, les autorités ivoiriennes, elles, n’ont pas attendu de confirmer ou d’infirmer les résultats des premières enquêtes, d’autant que les faits étaient consécutifs à une menace d’embargo sur le cacao ivoirien. En novembre 2011, on assista donc à la signature de deux décrets, créant d’une part le Comité interministériel de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CIM), composé 12 ministères, et de l’autre le Comité national de surveillance (CNS), dirigé par la Première Dame, Dominique Ouattara. Il regroupe entre autres l’industrie du cacao et du chocolat, les organisations d’employeurs et de travailleurs, les coopératives de producteurs, ainsi que les organisations du Système des Nations unies. Peu après, le Plan d’action national (PAN) 2012 - 2014 de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants sera déployé. Va suivre un second plan, étalé sur la période de 2015 à 2017. Puis un troisième, prévu pour 2019 - 2020, que la Présidente du CNS, Dominique Ouattara, également Présidente de Children Of Africa, a présenté le 25 juin dernier, avec un budget de 63,5 milliards de francs CFA. Et elle n’a pas caché sa satisfaction après les précédentes actions. « Nous avons mené de vastes campagnes de sensibilisation à travers tout le pays. Ces campagnes avaient pour but d’expliquer à tous qu’il est interdit d’employer des enfants dans tous les secteurs d’activité. Elles avaient aussi pour but de faire la différence entre les travaux dangereux, auxquels il ne faut pas soumettre les enfants (…) », a expliqué la Première Dame devant les structures internationales et ses partenaires.

Sanctions Plus personne aujourd’hui, d’après Dominique Ouattara, n’ignore qu’il est formellement interdit d’employer des enfants, sous peine d’emprisonnement. Plus d’amalgame également entre les travaux dangereux interdits aux enfants et les activités socialisantes. La question de l’accès des enfants à l’éducation a été une priorité, avec l’école obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 16 ans depuis 2015. Concernant la protection des enfants victimes, les actions sur le terrain ont permis de porter assistance et secours à plus de 8 000 enfants, qui ont été retirés des mains des trafiquants et pris en charge par les services compétents en la matière. Sans oublier la construction et la mise à disposition par la Fondation Children Of Africa d’un centre d’accueil pour enfants en détresse dans la ville de Soubré, dans la zone cacaoyère. « Deux autres centres d’accueil, l’un à Bouaké, dans le centre du pays, et l’autre à Ferkéssédougou, dans le nord, seront achevés très prochainement », promet Dominique Ouattara. En ce qui concerne la répression des trafiquants, le cadre juridique a été amélioré par l’adoption de lois et la signature de décrets punissant les auteurs de traite et d’exploitation des enfants. La liste des travaux dangereux interdits aux enfants de moins de 18 ans et celle des travaux légers autorisés à ceux dont l’âge est compris entre 13 et 16 ans a été publiée, etc. Grâce à toutes ces actions, les récents rapports reclassent la Côte d’Ivoire dans la catégorie 2, qui correspond aux États qui font des efforts significatifs pour éliminer le travail des enfants. Selon le CNS, 85% des enfants impliqués dans la cacaoculture vont à l’école. Ils vivent avec leurs parents et vont occasionnellement au champ avec eux, en dehors des heures de cours. « Dans notre culture, il est très fréquent que les jours où il n’y a pas école un enfant aille aider son parent au champ. Il ne s’agit en aucun cas de travail des enfants », explique Claude Kadio, Président de l’Organisation des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (OPEECI). Les organisations de défense des droits de l’homme, comme le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), estiment qu’il faut aujourd’hui garder un œil sur les producteurs de cacao si on veut en finir avec ce fléau, note Me Yacouba Doumbia, Président du MIDH.

Raphaël TANOH

À LIRE AUSSI

APPELS D'OFFRES
L’Hebdo - édition du

Voir tous les Hebdos
Edito
Par KODHO

Pour les humains et pour la planète

La 27ème édition de la Conférence annuelle des Nations unies sur le Climat, la COP27, s'est ouverte il y a quelques jours à Sharm El Sheikh, en Égypte. ...


Lire la suite
JDF TV L'actualité en vidéo
Recevez toute l’actualité

Inscrivez-vous à la Newsletter du Journal d'Abidjan et recevez gratuitement toute l’actualité

hacklink Backlinks Checker backlink sales betpas restbet supertotobet mersin escort canlı bahis gaziantep escort Viagra 100 mg fiyat Kamagra Jel fiyat Cialis 20 mg fiyat kalpli sigara marlboro double fusion captain black tekirdağ escort balıkesir escort çanakkale escort

cialis eczane fiyatları

penis sertleştirici ilaçlar ve isimleri

penis sertleştirici hap çeşitleri

degra

lifta

viagra

kamagra jel

cialis fiyat

cialis

viagra fiyat

viagra

Ankara Escort Ä°zmir Escort Antalya Escort Samsun escort Ankara escort Antalya escort