Hausse des prix : Le dilemme ivoirien

Depuis plusieurs mois, la Côte d’Ivoire, comme de nombreux pays du monde entier, est confrontée à une flambée des prix de certains produits de grande consommation. Si la pandémie à coronavirus est le principal fautif, d’autres facteurs sur le plan national sont à l’origine de cette situation. Pour les autorités ivoiriennes c’est l’heure des concessions mais aussi de véritables réformes. C’est donc dire des résultats à attendre sur le long terme. Ce qui n’est pas forcement du goût des consommateurs et laisse du temps aux commerçants.

Pour conserver le prix actuel du pain qui est de 150 FCFA, les spécialistes pourraient, dans un futur très proche, étudier l’éventualité d’introduire d’autres intrants dans la fabrication du pain, sans pour autant édulcorer sa qualité. Du pain de maïs, par exemple, du pain de mil, ou du pain de manioc. Inimaginable, mais pourtant envisageable. En cause, la flambée actuelle du coût du blé sur le marché international. Le prix du sac de farine de 50 Kg est aujourd’hui vendu à 22 500 FCFA à Abidjan contre 19 250 FCFA, il y a peu. Le lait, l’huile de palme raffinée, le riz, la viande, les matériaux de construction et même les produits vivriers sont touchés par l’inflation.

Le 18 juillet dernier, devant la grogne et pour rassurer les Ivoiriens, le ministre du Commerce et de l’industrie a annoncé des mesures, qui ont été renforcés par le conseil des ministres qui a suivi.

Rencontres sectorielles Parmi les mesures annoncées, une rencontre sectorielle est prévue avec les acteurs économiques, filière par filière, en vue de trouver une solution à la flambée des prix. Selon le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, il est également prévu, l’encadrement des prix des produits de consommation de première nécessité sur le marché : le riz, l’huile de palme raffinée, la viande de bœuf et la farine. Les autorités annoncent également le renforcement de la surveillance des prix, ainsi que l’intensification de la communication sur les prix, sans oublier, les actions menées dans le cadre de la lutte contre la vie chère. D’après Amadou Coulibaly, l’Etat va œuvrer à la facilitation du retour des bouviers qui transportent le bétail depuis les pays de la sous-région. Enfin, la lutte contre le racket, reviendra au premier plan.

Mais, l’un des éléments qui préoccupent la population, c’est l’efficacité des solutions énumérées et aussi la véracité du diagnostic. Concernant le pain, par exemple, les boulangers sont sceptiques.

Smaïla Silué, président de l’Association des boulangers de Côte d’Ivoire, section Bouaké, explique pourquoi : « les seuls intrants qui peuvent remplacer la farine de blé sont, la farine de mil, la farine de banane et de la farine de manioc. Mais avec ces aliments, le taux de gluten est très faible. Or, si vous faites du pain avec un faible taux de gluten, ça devient du mauvais pain. Jusque-là, tous les efforts des acteurs du secteur pour faire du pain avec ces produits sont restés vains. Les seuls pains que nous avons réussi à faire, sont les pains spéciaux qui ne se vendent qu’à petite échelle ».

Il n’y a pas que sur le blé que les dissensions existent. En début de semaine, au cours d’une conférence de presse, Farikou Soumahoro, le président de la Fédération nationale des acteurs de commerce de Côte d’Ivoire (FENACCI) a pointé de l’indexe, la fiscalité appliquée sur les produits de grande consommation. « Le taux de 9% de TVA sur le riz de luxe a entrainé une augmentation des prix de cette denrée », note-t-il. Ces mêmes 9% de TVA ont entraîné une flambée des prix de plusieurs produits sur le marché ivoirien.

La viande est concernée. Sans oublier, dit-il, la taxe compensatoire de 1000 FVFA qui est prélevée sur le kilo de la volaille importée. Ainsi, là où les autorités désignent la crise sanitaire comme catalyseur de la flambée des prix, les acteurs, eux, pointent du doigt, la politique de taxation. Et là où les autorités misent sur une réduction du racket sur les voies, et la facilitation du trajet des bouviers afin de diminuer le prix du kilogramme de viande de bœuf, une autre solution émanent des experts. « C’est à nous, d’être autosuffisant en protéine animale. Nous l’avons réussi avec la volaille, pourquoi pas avec les bovins ? Au Burkina et au Mali, les éleveurs sont confrontés à la sécheresse. Nous, ici, avons plus de ressources pour nous auto suffire en bœuf. Au temps du Président Houphouët Boigny, il y avait la Sodrepra qui œuvrait à cela», indique Marius Comoé, président du Conseil national des organisations de Consommateurs de Côte d'Ivoire (CNOC-CI).

Désaccords Tant de points de désaccords qui, s’ils ne sont pas réglés, conduiront inexorablement à une stagnation des mesures et des plans d’actions. Donc, à un statu quo, voire à une autre augmentation des prix.

La seule solution pour soulager les Ivoiriens c’est en premier lieu, trouver des accords francs et sincères. « Nous avons fait des propositions au gouvernement pour réduire le prix du lait infantile et les prix de certains produits pharmaceutiques qui ont flambé à cause de l’annexe fiscale 2021 », indique Kanigui Ouattara, président des pharmaciens de Côte d’Ivoire. Ces rencontres ont eu lieu en début d’année, pendant la première vague de flambée des prix et n’ont tien à voir avec les rencontres actuelles.

L’Etat a donc beaucoup de dossiers sur la table. Selon Soumahoro Ben N’Faly, président de la Fédération nationale des organisations des consommateurs de Côte d'Ivoire (FNOC-CI), l’urgence de la situation doit tenir compte de la nature des facteurs qui ont entraîné les hausses. D’abord, la pandémie à coronavirus, ensuite, les taxes, enfin, l’autosuffisance alimentaire. Les hausses induites par le rationnement de l’électricité étant des hausses temporaires, vu que la situation a été réglée.

Le seul moyen de soulager les acteurs du secteur sera, à l’entendre, de réduire de manière significative les taxes sur lesdits produits. Pour ce qui est des produits touchés par l’annexe fiscale 2021, la solution est encore plus simple : les suspendre purement et simplement. Ce sont, dit-il, les deux mesures fortes que le gouvernement peut apporter rapidement pour soulager les populations. Le reste peut être échelonné sur des mois, voire des années.

Smaïla Silué, renchérit dans ce sens. Les impôts appliqués à certaines entreprises pourraient être revus à la baisse, pour lui. Les boulangers, par exemple, sont traités comme de grandes entreprises, ce qui agit sur leurs bénéfices. Les propositions abondent dans ce sens.

Si le gouvernement parvient à faire de tels sacrifices, de nombreux produits de grande consommation pourraient retrouver des prix normaux. L’huile, le lait, la farine, etc. Mais pas tous. Selon Marius Comoé, il y a certains produits dont la solution ne viendra pas avec une réduction de la fiscalité. Par exemple les produits vivriers, dit-il. Sur la question, seule une autosuffisance alimentaire sortira la Côte d’Ivoire de ce cycle de hausse des prix perpétuel.

Concertation En attendant la fin des concertations avec les différents secteurs touchés par la flambée, la stratégie du gouvernement, selon un proche collaborateur du ministre du Commerce et de l’industrie, est de parvenir à un compromis. « En annulant ou en baissant les taxes sur certains produits, c’est un manque à gagner important pour le pays que nous créons. Certains programmes, certains projets ou départements seront forcément impactés. Il y va de même pour l’impôt. Le but de ces échanges est donc de parvenir à un juste milieu. Le gouvernement fera un pas dans ce sens, mais les opérateurs économiques devront à leur tour consentir des sacrifices », note-t-il.

Au sortir de ces rencontres, Sidiki Singo, président de la Fédération nationale des riziculteurs de Côte d’Ivoire (FENARIZ-CI), espère une véritable politique sur l’autosuffisance alimentaire dans le pays. De la production jusqu’à la distribution, indique-t-il, il faut moderniser le secteur. Pour lui, cela prime sur tout le reste. Car, le jour où le pays se suffira en riz, en légume et en protéine animal, ce sera la fin de l’inflation.

Raphaël TANOH

 

 

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