Diplômes post BTS : La grande arnaque ?

Après le baccalauréat, à peine 20% des admis sont orientés dans un établissement supérieur public. Les autres se retrouvent à passer, au bout de deux ans, le brevet de technicien supérieur (BTS). Un diplôme qui a baissé de valeur sur le marché de l’emploi en Côte d’Ivoire. Alors, pour se donner plus de coffre, ils sont nombreux les étudiants qui décident de suivre des formations diplomantes post BTS. Et c’est là que les problèmes commencent.

Martin Kouakou est sur le carreau depuis maintenant 5 ans. En 2013, après avoir décroché un Brevet de technicien supérieur (BTS), le jeune homme a voulu se donner plus de chances sur le marché de l’emploi, en suivant un cycle d’ingénieur en communication. Mais c’était s’aventurer dans un monde plein d’embûches. « J’ai réussi à obtenir une prise en charge dans un établissement privé situé à Cocody, 7ème tranche. Avec cette somme, la formation me revenait à 900 000 francs CFA (ndlr, pour un coût total avoisinant les 3 millions de francs CFA) », explique-t-il.  Mais le bout de carton qu’on lui remet après trois ans en guise de diplôme ne vaut rien. « C’est le jour où j’ai voulu enseigner dans un établissement de type BTS que j’ai découvert l’arnaque. Parce qu’on m’a refoulé sous le prétexte que mon diplôme n’était homologué par le Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur (CAMES) », explique Martin. Surpris, il retourne voir les responsables de l’établissement post BTS, qui font semblant de ne pas le comprendre. Martin Kouakou essaye alors d’obtenir une équivalence à l’université Félix Houphouët-Boigny, mais se fait éconduire sur le champ. À la section scolarité on lui rétorque sèchement que son diplôme, c’est du toc.  Il lui est impossible de décrocher la moindre équivalence dans un établissement supérieur public digne de ce nom. « Je ne peux rien faire avec ce diplôme, sauf tenter de trouver un emploi dans le privé. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir été arnaqué », explique-t-il. Il n’est pas le seul dans cette situation inconfortable. « Il y a une liste d’établissements reconnus qui est affichée sur le site du CAMES. Mais beaucoup d’étudiants se font quand même avoir. Quand ils essayent de faire un Master, beaucoup d’établissements leur font croire qu’ils ont des diplômes homologués par le CAMES et qu’ils pourront aller ensuite partout où ils le veulent avec ces diplômes. Problème : à la fin ils ne peuvent pas s’en servir », déplore Serge Nempé, Secrétaire général du Collectif des étudiants des grandes écoles et élèves de l’enseignement professionnel et technique de Côte d’Ivoire (CEGEPT-CI). Ali Bamba a connu cela. Lui qui détient un Master en comptabilité se targuait d’avoir fait des études plutôt réussies.

Assainir le secteur « C’est en 2014 que j’ai eu mon diplôme dans un établissement supérieur privé situé à Adjamé. Lorsque je m’inscrivais, l’école avait affiché une liste de diplômes qu’elle proposait et qui étaient homologués par le CAMES. Le Master en comptabilité en faisait partie. Mais j’ai compris après que le diplôme était homologué auparavant par le CAMES mais que cette homologation n’avait pas été renouvelée. Mais l’école nous l’a caché, par mauvaise foi », déplore l’étudiant, qui dit avoir payé environ 3 millions de francs CFA pour sa formation. Il travaille aujourd’hui dans une boite d’informatique en attendant d’avoir un débouché plus conforme à sa qualification. Les fausses licences sont très souvent concernées. « Il y a longtemps que nous dénonçons ce système. Le ministère de l’Enseignement supérieur doit mettre de l’ordre dans le supérieur privé pour ce qui concerne les diplômes post BTS. Mais nous avons l’impression que nos autorités se désintéressent de ce secteur. Il y a donc une sorte d’anarchie qui s’installe », déplore Claude Kadio, le Président de l’Organisation des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (OPEECI). Se désintéresser ? Pas tant que ça. Au contraire, les autorités font attention à ce qui se passe dans le milieu. En 2013, par exemple, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique avait donné deux ans aux écoles pour se mettre en règle. Après quoi, la Commission de reconnaissance et d’équivalence des diplômes (CREQ) devait passer à la traque des brebis galeuses. Le seul ennui, c’est que très peu d’universités et de grandes écoles privées se sont mises en règle. Et la CREQ s’est montrée quelque peu… magnanime. À cette date, le nombre d’établissements habilités était de 16. Ces habilitations leur permettaient de délivrer 57 diplômes, homologués pour une certaine période. Un diplôme homologué étant réévalué tous les cinq ans, parmi les 57 diplômes habilités par la CREQ, 14 ont donc vu leur validité prendre fin en 2014. 38 de ces diplômes, reconnus depuis la période 2010 - 2011, devaient être également réévalués après 2015. Et les 8 autres, homologués à compter de la rentrée universitaire 2012 - 2013, ont vu leur validité prendre fin lors de la rentrée 2016 - 2017.

Peu d’homologations Ce qui signifie, selon un membre du cabinet du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, que de nombreux établissements doivent renouveler leurs homologations au jour d’aujourd’hui. Mais c’est un calcul compliqué. Il arrive que dans un établissement donné un seul des diplômes proposé soit reconnu. Une confusion sur laquelle jouent beaucoup de chefs d’établissement pour tromper la vigilance des étudiants et des parents d’élèves. Sur les 50 grandes écoles privées post BTS et les 38 universités privées que l’on dénombre en Côte d’Ivoire, à peine 23 ont fait l’objet d’homologations de diplômes ces dernières années, y compris les universités de Bouaké et d’Abobo-Adjamé, selon nos sources. Le CAMES, qui est conscient du phénomène, a posté sur son site la liste des diplômes reconnus par établissement afin de prévenir les candidats : « les étudiants, les parents et les acteurs de l’éducation des 19 pays membres du CAMES pourront consulter en ligne le répertoire de la reconnaissance des diplômes et équivalences dans leurs pays respectifs, mais aussi dans les autres pays membres du Conseil. Cet outil d’aide à l’orientation et d’assurance qualité est le bienvenu, car il permettra aux parents et aux étudiants de pouvoir faire leur choix en connaissance de cause », explique notre source au ministère de l’Enseignement supérieur. Une manière de guider les apprenants. Accusés de ne pas être de bonne foi, les fondateurs des grandes écoles et universités privées se défendent. « C’est un sujet sensible. Pour que le CAMES accorde son homologation à un établissement, il faut des années et de nombreux critères sont à prendre en compte », explique Dr Elete Aka, Président de l’Union patronale de l'enseignement supérieur privé (UPESUP). Certes, pour lui, certains font preuve de mauvaise foi et préfèrent ne rien dire à leurs étudiants. « Mais on ne doit pas laisser les gens faire n’importe quoi. Les établissements sont censés connaître les règles en matière d’homologation », ajoute Dr Aka. Parce qu’une fois que l’étudiant se retrouve avec un diplôme non homologué, « la première sanction, c’est le monde de l’emploi qui la lui inflige ». En même temps qu’il demande plus de rigueur de la part de l’État, le Président de l’UPESUP plaide aussi pour l’assouplissement des conditions d’homologation des diplômes : le mode de recrutement des enseignants, les horaires, les infrastructures en place au sein de l’établissement, etc. Une autre préoccupation, à l’entendre, est le fait que les demandes d’homologation au niveau du CAMES soit bloquées depuis deux ans.

Raphaël Tanoh

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