Lutte contre les inondations : Mission impossible

Depuis plusieurs années, les pluies diluviennes causent dégâts et pertes en vie humaine. À chaque inondation, les autorités ivoiriennes descendent sur le terrain pour visiter les zones touchées et appeler les populations à quitter les zones à risques. Ce qui n’empêche pas les morts ni même les destructions de biens. Que faut-il faire ? Plusieurs travaux ont été lancés pour prévenir les éboulements de terrain et faciliter le passage des eaux. Mais les premières pluies du mois de juin, ont laissé planer des inquiétudes. Zoom sur un phénomène cyclique.

Plus d’un mois après le début de la saison des pluies, le manque de précipitations avait renforcé la conviction des autorités ivoiriennes sur une année sans dommage collatéraux liés aux inondations. Il a fallu la forte pluie qui s’est abattue sur le district d’Abidjan dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 juin dernier, pour ramener tout le monde à la réalité. Les ouvrages de drainage des eaux de ruissellement ont bu la tasse. Une partie d’Agban était sous les eaux. La route du Mahou, jusqu’après le « carrefour du Mahou », était noyée. Saint-Viateur, Allabra, Bounoumin, 9 Kilos, étaient débordés d’eau. S’il n’y a eu aucun mort, ces quelques heures de précipitations ont exhumé la vulnérabilité du système d’assainissement de la capitale. La Rue ministre qui fait l’objet de travaux en ce moment n’a pas été totalement épargnée, même si les inondations ont été moindres par rapport aux années précédentes. Le ministre de l’Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofana a effectué une visite de terrain, après les averses pour rassurer les populations, mais des inquiétudes demeurent.

Zéro risque  « Notre priorité est qu’il n’y ait pas d’inondations qui aboutissent à des pertes en vie humaine et à des dégâts matériels importants », explique Bouaké Fofana.  Des mots ressassés, presque chaque année, pendant les grandes pluies. Ce qui n’empêche pas, pourtant, les hécatombes : 17 morts dénombrés en juin 2020 lors d’un éboulement à Anyama, 3 victimes dénombrés en mai 2019, dont un bébé pendant un glissement de terrain à Yopougon… 

« Nous voulons savoir ce qui est fait de nouveau, comparativement aux autres années. Il ne faut pas qu’on vienne nous dire chaque fois la même chose, sans résultat réel sur le terrain (…)  On ne peut pas faire de plan avec zéro risque, c’est vrai, mais il faut mettre l’accent sur les infrastructures », note Salif Coulibaly, adjoint au maire d’Attecoubé, chargé des affaires de salubrité.

En effet, qu’est-ce qui est fait chaque année en Côte d’Ivoire pour rassurer un peu plus les Ivoiriens face aux risques des grandes pluies ? Selon Bouaké Fofana, les canalisations ont été dédoublées, par exemple, au niveau de la « Rue ministre », ce qui diminue les problèmes d’inondation. Au niveau des ouvrages d’assainissement à la Riviera dans leur globalité, à entendre Bouaké Fofana, il y a des retenues à faire en amont. « Tant qu’on ne les aura pas réalisées, on aura des risques d’inondation. Au niveau de Saint-Viateur, un ouvrage de drainage est carrément dans l’enceinte de l’école. Ce sont des questions que nous devons régler », explique-t-il. À Allabra, Bounoumin, 9 Kilos (à la Riviera) des zones critiques inondables ont été inondées à cause de cela.

Curage L’Office nationale de l’assainissement et du drainage (ONAD) a beaucoup œuvré pour rendre pratiques les ouvrages d’assainissement dans la capitale économique. Curage, réhabilitation, etc.  Problème : aussitôt curé, les canalisations sont bouchées, à cause de l’incivisme des populations. « Nous n’arrêtons pas d’appeler la population à changer de comportement, mais le résultat est le même », déplore un proche collaborateur d’Amara Sanogo, directeur général de l’ONAD.

La solution à long terme serait de construire des canalisations fermées, plus coûteux. Mais, pour l’ONAD, ces types d’ouvrages sont parfois inadaptés. L’office effectue des travaux d’aménagement du canal principal (Y1) dans la commune de Yopougon, quartier Maroc, long d’environ 3.5 km et celui de Yopougon-Maroc secteur KIMI, en lagune près du village Lokoua. Suffisant ? Non. Le retard pris par les infrastructures d’assainissement est tel qu’il faut des années d’investissement colossaux et continuels pour parvenir à contenir les averses. L’autre problème reste les zones à risques, qui se créent. Avant, c’est les quartiers de Mossikro, Boribana, Banco 1 qui retenaient l’attention des Ivoiriens. Aujourd’hui, des noms comme Yopougon-Micao, Anyama-Schneider, sont classés comme zones dangereuses. « Tous les ans, des quartiers précaires se créent, parce qu’il n’y a pas de place à Abidjan pour s’installer. Les gens veulent s’installer n’importe où. Dès le début, il faut éviter qu’ils le fassent. Malheureusement, on laisse faire, le plus souvent avec la complicité des mairies », déplore Gaoussou Drabo, chargé de la communication de la chefferie de Mossikro, à Attecoubé.

Insupportables  Pour lui, construire des infrastructures est nécessaire, mais insuffisant pour faire face au problème des inondations à Abidjan. « Il faut davantage de rigueur de la part du gouvernement Ivoirien sur la question. Personne ne peut imposer un plan directeur de la ville aux autorités. Les morts chaque année commencent à devenir insupportables », note par exemple », Satigui Koné Fédération des ONG de développement en Côte d’Ivoire (FEDOCI).

Que répondent les autorités ? « On est retardé dans l’exécution des travaux du schéma-directeur, parce que les sites de certains ouvrages que nous devons construire absolument pour réduire les risques d’inondation sont occupés, à telle enseigne que si on veut indemniser toutes ces personnes, le montant des indemnisations est supérieur au coût des projets », signale le ministre Bouaké Fofana. Le déguerpissement des zones à risques revient chaque année à l’approche de la saison des pluies. Mais dans l’exécution, selon Salif Coulibaly, c’est difficile, dans la mesure où les communes sont appelées à faire ce travail. « Nous avons besoins d’accompagnements pour faire cela. Surtout à Lokodjoro et Santé. Mossikro est toujours dans le collimateur, Banco1 également. Ce sont des zones que nous surveillons », note-t-il.

La sensibilisation a montré ses limites. D’après Gaoussou Drabo, il a fallu mettre en place un comité de surveillance dans le quartier, pour éviter que les gens viennent recoloniser les zones à risque. « Malgré cela, il faut continuellement veiller au grain, et c’est difficile », ajoute-t-il. La conséquence, ce sont les recolonisations des sites déguerpisses.

Cette semaine le ministre Bouaké Fofana est encore revenu sur la sensibilisation. « Nous sommes obligés de sensibiliser avant d’agir. Aujourd’hui, si vous déguerpissez des personnes des zones à risques, il faut trouver un endroit où les reloger, or ça aussi c’est un autre problème. On a vu des personnes être relogées dans des écoles ou même des églises, faute d’endroit où les reloger », explique un proche collaborateur du ministre Bouaké Fofana. Ce qui explique, selon lui, que de nombreux sites classés comme zones à risques mettent du temps avant d’être déguerpies. Par contre, dit-il, des zones comme Gobelet ou Mossikro, ne sont pas des zones à risques. « Ce sont des quartiers précaires qu’il faut viabiliser. Dans ces zones, il y a par contre des endroits classés comme sites à risques, où nous intervenons pour demander aux populations de ne pas y habiter », laisse-t-il entendre. Quoi qu’il en soit, pour lui, après tant d’années passées à sensibiliser et dénombrer les morts, il faut commencer à sévir. « Pendant les travaux du 4ème pont, on a eu le courage de déguerpir les personnes pour le bien du pays. Je crois qu’il faut faire cela avec les zones non habitables. Mais, une chose est sure : on ne pourra jamais éviter les inondations à Abidjan, parce que, même dans les grandes villes développées, le changement climatique provoque des inondations », ajoute-t-il. Reste à savoir jusqu’où les autorités sont prêtes à aller pour éviter les morts.

Raphaël TANOH

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