Disparitions d’enfants : Panique sur la capitale

Après les derniers enlèvements, la peur a gagné le rang des familles abidjanaises.

Le phénomène de la disparition ou de l’enlèvement d’enfants n’est pas nouveau. Il connait en général des pics à certaines saisons ou encore à la veille de certains grands évènements. En 2015, après une vingtaine de cas signalés, une psychose s’était emparée des Abidjanais. Après avoir intensifié la surveillance autour des enfants, la méfiance avait fini par disparaitre et les vieilles habitudes ont resurgi. Le cas du petit Aboubakar Sidiki Traoré, dit « Bouba », 4 ans, qui a enflammé les réseaux sociaux et s’est vite transformé en une alerte nationale, semble avoir quelque peu réussi à mettre les parents et la société face à leurs responsabilités. Mais il risque de ne pas être le dernier, car, alors que les larmes de ses parents n’ont pas encore séché, il ne se passe pas un jour sans que des alertes à la disparition d’enfant ne soient signalées sur la toile ou que les radios ne lancent des avis de recherche d’enfants portés disparus depuis plus de 24 heures.

Ils étaient nombreux ces Abidjanais, qui, se joignant à la colère des parents d’Aboukar Sidiki Traoré, criaient leur ras le bol le samedi 4 mars, au cours de deux marches, l’une sur les lieux du crime (Angré), pour manifester leur solidarité avec toutes  les familles d’enfants victimes de ce genre d’assassinats et l’autre à Adjamé (résidence de la famille), pour la réconforter. Mais, 48 heures après, une autre alerte venait de Mbahiakro (centre). Le corps sans vie de Chanceline Glahou, une jeune élève de 13 ans venait d’être retrouvé dans une maison inachevée. Il n’en fallait pas plus pour que les élèves de cette ville s’en prennent à un édifice de l’État (la brigade de gendarmerie) pour exprimer leur colère. Dans le premier cas, le présumé coupable, Etienne Sagno, détenu à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), attend son jugement quand celui du second cas court encore. C’est dans cette ambiance que la police a annoncé en début de soirée du 6 mars la mise aux arrêts d’un certain Charles Kouamé Kouassi, soupçonné d’être « impliqué dans 5 cas d'enlèvement d'enfants avec demande de rançons allant de 400 000 à 750 000 francs CFA ».  Pris dans un hôtel de Yopougon avec deux enfants, il est présenté par les services de police comme « le plus gros enleveurs d’enfants ».  Pendant ce temps, d’autres cas de disparitions d’enfants continuent d’alimenter l’actualité et il est devenu presque quotidien de voir des photos d’enfants dont les parents n’ont plus de nouvelles depuis au moins 24 heures défiler sur la toile. Aux alertes alarmistes sur Facebook répondent les avertissements par SMS. Depuis le mois de janvier 2018, huit cas de disparition ou d’enlèvement ont été enregistrés, dont trois décès de mineurs dus à des morts violentes, par arme blanche ou par strangulation.

Une affaire de quartiers populaires ? Ils s’appelaient  Emmanuel Méless Essoh, Mareau Bénitier, Jean Aurélien Koffi, Ezechiel Chance Aka, etc et ont été retrouvés morts fin 2014 et début 2015. Le ou les coupables sont pour la plupart restés introuvables. En deux mois, 25 disparitions avaient été signalées et 20 enfants été  retrouvés morts. Point commun, ils avaient entre 2 et 12 ans et habitaient des communes populaires comme Yopougon, Abobo, Adjamé, Attécoubé et Koumassi. « Sans stigmatiser les habitants de ces communes, nous notons que  ce sont des endroits où les parents manquent de vigilance autour de leurs enfants qui, pour la plupart, prennent seuls le chemin de l’école ou échappent complétement au contrôle des parents, plus préoccupés parfois par la recherche du pain quotidien pour la famille », explique la sociologue Aminata  Koné.  Elle partage d’ailleurs le point de vue répandu selon lequel les parents exercent de moins en moins un véritable contrôle sur leur progéniture, « se contentant parfois de la confier à un voisin ou à une tierce personne, dont ils ne connaissent pas le plus souvent les antécédents, encore moins les activités ».  Une négligence parfois fatale, car, comme dans le cas « Bouba », les coupables connaissent bien leur cible et même sa famille, selon des sources policières. « Ils gagnent la confiance des parents et même des enfants et n’attendent qu’un moment d’inattention pour passer à l’acte », explique un officier de police proche de certaines enquêtes encore en cours ou terminées. C’est par exemple le cas pour  l’assassinat de  Bienvenu Lopoua Lopoua Drogba, six ans, élève en classe de CE1, enlevé et  retrouvé à Bondiahi, Sous-préfecture de Bédiala (centre-ouest). Les soupçons pèsent sur l’ex-époux de la mère, qui est en fuite.

En quête de gloire Pas de doute sur les motivations des tueurs. Selon des témoignages, il s’agit généralement de personnes qui veulent faire fortune le plus rapidement possible ou être des stars dans leur domaine ou encore d’hommes politiques en quête  de popularité ou de postes électifs ou nominatifs. « On connaît bien la typologie des crimes rituels», avait commenté le ministre de l’Intérieur d’alors, Hamed Bakayoko, annonçant dans la foulée, en 2015, la mobilisation de 1 500 policiers et militaires pour «patrouiller dans les zones hautement criminogènes ».  Si Charles Kouassi Kouamé( la trentaine) affirme que pour lui il s’agissait de rançonner les parents des victimes afin d’investir dans un marketing de réseau, Drissa Coulibaly (38 ans), interpellé en 2015 par le commissariat du 17ème arrondissement de Yopougon, soutenait qu’après trois forfaits, il lui restait encore deux autres meurtres afin de devenir roi et riche. On se souvient également que plusieurs « brouteurs », arrêtés entre 2012 et 2015 pour des cas similaires, révélaient que c’était un « moyen pour devenir rapidement riche ». Les corps retrouvés, présentant parfois les parties génitales sectionnées ou le sang de la victime emporté, résument bien le fait qu’il s’agit pour la plupart de crimes rituels. Un international burkinabé vivant en Côte d’Ivoire n’a pas manqué de révéler avoir été, dans le passé, accosté par un individu qui lui avait proposé ce genre de rituel pour la réussite de sa carrière. Une déclaration qui ouvre pour les enquêteurs d’autres pistes de recherches, qui pourraient permettre de démanteler plusieurs réseaux probablement impliqués dans des disparitions d’enfants. Mais, à date, aucun lien n’a été établi entre ces différents enlèvements ou assassinats, révèlent les sources proches de l’enquête.

Interpellation ? En attendant que toutes ces enquêtes aillent jusqu’à leur terme, se dégage un sentiment de manque de volonté de la part des autorités politiques et administratives. Pour les parents des victimes, la lutte doit être plus intense. « Il faut aller au-delà de ceux qu’on arrête sur les lieux du crime. Il faut démanteler les réseaux des marabouts, des féticheurs, qui recommandent ces pratiques et chercher les véritables commanditaires », confie à JDA un membre d’une famille victime. Souhaitant une plus grande implication du ministère de la Solidarité, de la famille, de la femme et de l’enfant, qui pourrait initier une grande campagne de sensibilisation à l’endroit des parents et des enfants, de même que le ministère de l'Intérieur, il est convaincu que cela pourrait freiner d’autres criminels, non encore identifiés. Si des réflexions sont menées autour des peines à infliger aux coupables, certains, comme l’ex Président du Parlement ivoirien, Mamadou Koulibaly, n’y  vont pas de main morte. Pour lui, il faut « pour les meurtriers d’enfants, la mort par pendaison, haut et court ». Une position assez radicale qui, argumentent les défenseurs de cette thèse, aura comme effet immédiat de semer la peur chez les auteurs, chez leurs complices et chez leurs mandants. En attendant, comme en 2015, l’on est pas loin d’observer des parents retirer les enfants des écoles ou voir la vindicte populaire se substituer à la justice.

Ouakaltio OUATTARA

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