Tourisme : Le réveil de l’Éléphant ?

Le potentiel touristique ivoirien a toujours constitué l’un des atouts majeurs de l’attractivité de la Côte d’Ivoire. Mais des décennies de crise et l’attaque de la station balnéaire de Grand Bassam ont presque laissé le secteur pour compte. Avec la nouvelle politique de relance touristique, les autorités tentent de faire d’une pierre deux coups : améliorer l’environnement des affaires et en même temps redonner aux sites leur lustre d’antan. Mais le chemin est semé d’obstacles. Que ce soit au niveau des visiteurs internationaux ou des nationaux, les chiffres laissent à désirer et les finances ne suivent pas toujours. Selon les estimations provisoires du ministère ivoirien du Tourisme, le secteur touristique a contribué à environ 7,3% au PIB du pays en 2019, contre 6,25% en 2018.

Le troisième « Hospitality report 2018 » de Jumia Travel a fait miroiter la destination Côte d’Ivoire aux yeux du reste du monde. Le nombre d’arrivées a atteint 4,2 millions de personnes en 2019, contre un peu plus de 3 millions en 2018. Quant aux revenus tirés de l’activité touristique, ils se chiffrent à environ 1 500 milliards FCFA en 2019, contre 1 114 en 2018. L’objectif des autorités ivoiriennes est de porter à environ 8% la part du tourisme dans le PIB à l’horizon 2025, à travers la stratégie nationale de développement touristique 2018 – 2025, «  Sublime Côte d’Ivoire ». Les investissements initiaux nécessaires à sa mise en œuvre sont estimés à 3 200 milliards FCFA. Si le secteur génère plus de 25 000 emplois, le tourisme d’affaires a fait du pays la troisième destination en Afrique, après le Nigéria et le Maroc. Toutefois, le « Hospitality report 2018 » classe la Côte d’Ivoire comme la 11ème destination de loisir du continent. Le tourisme d’affaires concerne les déplacements à but professionnel, qui peuvent englober le transport, l’hébergement et la restauration, tandis que le tourisme de loisir est beaucoup plus axé sur la découverte, dont les visites de sites touristiques. « Aujourd’hui, les chiffres parlent pour le tourisme en Côte d’Ivoire. Tout ce qui peut être dit est battu en brèche par l’affluence. Maintenant, il faut se demander pourquoi les gens viennent de plus en plus dans le pays », explique Satigui Koné, ancien conseiller au ministère du Tourisme et de l’artisanat, Président de la Fédération des Ong de Côte d’Ivoire (FEDOCI) et de l’Union africaine des Ong de développement (UAOD). Pour Hien Kodio, Président de l’ONG « Sauvons le Parc national de la Comoé », le véritable tourisme est et sera toujours une question de loisirs. Et il estime que l’entretien et la préservation des sites touristiques joue un grand rôle dans ce domaine et que le pays a pris du retard.

Dent de Man La région du Tonkpi, et plus particulièrement Man et ses environs, est réputée pour ses nombreux attraits touristiques. Cependant, la négligence des élus locaux et des populations riveraines, pourtant bénéficiaires de ces dons de la nature, tue à petit feu un secteur pourvoyeur de revenus. Le site le plus attractif, qui reçoit plus d’un million de visiteurs chaque année, est celui des cascades naturelles de Man-Zadepleu. En 2017 et 2018, la direction régionale du Tourisme, à travers un fonds mis à sa disposition par la tutelle, a initié des travaux de valorisation, avec un investissement de 120 millions francs CFA. Ils ont permis d’aménager le site, avec la construction de plusieurs abris, dont des boutiques pour la vente d’objets de souvenir, des passerelles, la réhabilitation des escaliers, la construction de plusieurs plateformes, la reconstruction du pont de lianes à deux reprises, le curage et le carrelage de la piscine. Sans oublier la construction d’un parking éclairé, d’une capacité de plus de 50 véhicules et l’électrification du site pour favoriser les visites de nuit. Mais tous ces efforts se sont heurtés à la volonté de gains faciles de certains élus de l’ancienne municipalité, qui, dans leur volonté de prendre le contrôle du site, ont forcé le portail, empêchant la bonne exécution des travaux. Leur objectif : encaisser les recettes des entrées, qui varient de 200 à 500 francs par personne. Un comportement qui a bloqué la bonne exécution de l’aménagement du site, jusqu’à l’arrivée de la nouvelle équipe de la mairie de Man. Le site a été rétrocédé à la direction régionale du Tourisme pour la finition des travaux. « Nous avons pu les terminer, mais difficilement », fait remarquer une source à la direction régionale du Tourisme du Tonkpi.  Mais toujours aucune réelle politique de rentabiliser le site, malgré les nouvelles infrastructures. L’on peine à attirer les opérateurs économiques pour occuper les magasins construits par le ministère, via sa direction régionale. Ces derniers attendent que l’on fasse des cascades naturelles une véritable source de revenus, en dehors des recettes des entrées.

Sites nombreux Le Mont Tonkpi, plus haut sommet de la Côte d’Ivoire après le Mont Nimba, regorge d’infrastructures, telles que le centre émetteur de la RTI, cédé à la Société nationale de télédiffusion, et la villa de villégiature des gouverneurs coloniaux, rétrocédée à l’État de Côte d’Ivoire. Cependant, la voie d’accès à ces sites, situés au sommet de la montagne, avec un air pur, est un casse-tête chinois. L’année dernière, la Société ivoirienne de télédiffusion a entrepris des travaux de reprofilage lourd de cette voie. Des travaux qui arrivent après 20 ans de délabrement. La villa des gouverneurs, construite il y a plus d’un siècle, est encore intacte. Mais elle souffre d’une insuffisance d’entretien. La Dent de Man, l’un des principaux symboles   de la capitale régionale du Tonkpi, est difficilement fréquentable en toute saison. Les voies d’accès sont très dégradées.

Au pied de la Dent de Man se trouvent les cascades de Glongoin, un site naturel pittoresque qui n’a jamais connu de début d’aménagement. Et pourtant les visiteurs paient des droits aux populations riveraines pour y avoir accès. Mais aucun effort n’est fait pour améliorer les pistes d’accès. Quand on remonte vers Danané, sur le circuit des ponts de liane, la déception est grande. Le site des chutes d’eau de Goba, un chef d’œuvre divin, est lui aussi laissé pour compte, deux villages, Goba et Issoneu, se disputant la propriété des lieux. Des différends qui ont pour conséquence l’abandon du site, dont la voie d’accès n’est plus entretenue.

Vers Danané et Zouan-Hounien, l’axe qui mène aux mythiques ponts des lianes de Lièpleu et Vatouo est dans un état de dégradation très avancé. Le bitume a cédé la place à la terre rouge et aux crevasses. Les pistes qui mènent dans les deux villages sont dans des états piteux. Á Lieupleu, le conseil régional, dans sa volonté d’aménager le site, a préféré construire une passerelle sur l’itinéraire du pont des lianes. Et pourtant, le site regorge de belles chutes d’eau et d’une presqu’île dont l’aménagement pourrait en faire le premier fleuron du tourisme dans le Tonkpi. Á Vatouo (à 100km de Man), même si le site conserve encore son aspect naturel, il ne profite pas économiquement aux populations riveraines. Sur la Côtière, la voie reliant Abidjan à San Pedro (seconde ville portuaire) est impraticable. Pourtant, avec ses plages paradisiaques (Monogaga) et différentes infrastructures, elle reste un lieu de convoitises. D’autres villes d’intérêt touristique sont difficiles d’accès. « Aujourd’hui, ce que j’en dit, c’est qu’il faut privatiser nos sites touristiques, pour un bon entretien. C’est la nouvelle philosophie du tourisme mondial. Par exemple, à Grand-Bassam, l’Etoile du sud a une plage entretenue par l’hôtel lui-même. Et c’est la plage la plus propre », indique Satigui Koné.

La Côte d’Ivoire a mobilisé 2 500 milliards de FCFA, à l’issue de la table ronde organisée les 20 et 21 octobre derniers à Dubaï, pour le financement de sa stratégie nationale de développement touristique, « Sublime Côte d’Ivoire ». Le ministre du Tourisme et des loisirs, Siandou Fofana, y a vendu les atouts de son pays. Mais, cette initiative suffira-t-elle à faire de la Côte d’Ivoire la destination touristique première du continent ?

Raphaël TANOH

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