CHU : Sous perfusion?

La gestion de type privé des CHU inquiète certains acteurs du secteur santé.

La réforme hospitalière annoncée mercredi par le porte-parole du gouvernement, Sidi Tiémoko Touré, vient à point nommé dans un système sanitaire qui se cherche. Elle n’est pour l’instant qu’un amas de textes. Il faut la matérialiser à travers une loi, des décrets, un programme de réhabilitation et un changement de mentalités. Les CHU, on le sait, ont un triple rôle. Celui des soins de haut niveau (3ème et dernier niveau de la pyramide sanitaire), de la formation et de la recherche.

Les Centres hospitaliers universitaires (CHU) vont dans un futur proche basculer en Établissements publics hospitaliers (EPH), avec une gestion différente. La réforme hospitalière présentée le 13 mars en Conseil des ministres compte placer le malade au cœur du système et permettre aux hôpitaux de fonctionner suivant la gestion axée sur les résultats, tout en leur procurant les moyens d’offrir des soins de qualité. C’est un projet alléchant, attendu et… très lourd. « Nous allons célébrer cela à notre prochaine assemblée générale. C’est ce pour quoi nous nous sommes battus », ne peut s’empêcher de jubiler Boko Kouaho, le porte-parole de la Coordination des syndicats du secteur santé (Coordisanté). La Coordisanté, qui estime avoir été en première ligne dans la lutte pour l’adoption de cette réforme, insiste sur les avantages au niveau du personnel. « Avec cette réforme, un personnel de santé affecté dans un lieu enclavé, par exemple, bénéficiera d’une prime à ce sujet », applaudit Vazoumana Sylla, secrétaire général du Syndicat national des préparateurs et gestionnaires en pharmacie de Côte d'Ivoire (Synapgpci), membre du bureau exécutif de la Coordisanté. Ainsi donc, le document contient la motivation qu’ils ont toujours demandée pour être plus impliqués dans la prise en charge des malades. Docteur Guillaume Esso Akpess, secrétaire général du Syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côte d’Ivoire (Synacass-CI) et son bureau ont aussi travaillé à l’élaboration de ce grand projet. Pour lui, cette réforme prend en compte tous les problèmes des travailleurs. Dorénavant, souligne le médecin, les structures sanitaires auront une autonomie administrative et financière. C’est d’ailleurs de cette autonomie que le débat sur la privatisation des CHU tire sa source. « Il n’en est rien » assurent des spécialistes du secteur, qui saluent plutôt la réforme.

Payer plus cher ? « La réforme place le malade au cœur du dispositif, parce qu’elle lui accorde une primauté. Et, dans cette primauté, il faut prendre en compte les droits et devoirs du malade, ainsi que les droits et les devoirs du personnel de santé », poursuit Docteur Guillaume Esso Akpess. Avant de notifier ce que le projet de loi mentionne d’autres choses. « Les textes stipulent que chaque établissement devrait avoir un projet de développement, une ligne directrice. Désormais, les directeurs des EPH seront choisis par appel d’offres. La réforme consacre le caractère obligatoire pour chaque établissement sanitaire de faire de la planification stratégique sur 5 ans. Elle implique une mutualisation des ressources des aires sanitaires, qui permet de mettre en commun les moyens matériels, humains, au sein de l’entité. Dans ce système, chaque structure à une structure au-dessus d’elle de laquelle elle dépend en cas de problème. La réforme crée un cadre organisationnel, administratif et financier dans les hôpitaux. Avant, dans le système financier, on parlait de comité de gestion des hôpitaux (COGES), aujourd’hui, on passe à un système de conseil d’orientation et de surveillance. C’est un organe qui voit comment les hôpitaux fonctionnent et qui donne sa caution, chaque année, à leur bon fonctionnement ».  Mais la question que tous se posent est celle-ci : les Ivoiriens vont-ils débourser plus d’argent pour leur santé ? Pas vraiment. Dire que les hôpitaux auront désormais une obligation de résultats n’implique pas que le malade va payer plus. Du moins, selon les cadres supérieurs de la santé. « Le Conseil d’orientation sera là pour surveiller ce qui sera fait. En matière de tarification, c’est un arrêté ministériel qui fixera les prix appliqués dans les hôpitaux. Donc les tarifications seront fixées ainsi. Dans les faits, la réforme prévoit une réorganisation du fonctionnement des hôpitaux pour que la prise en charge soit plus efficiente et plus efficace », souligne Docteur Guillaume Esso Akpess. En clair, s’il doit y avoir une hausse, notamment des frais de consultation, il reviendra au ministre de la Santé et de l’hygiène publique de le faire. La seule chose de sûre pour l’instant au sujet des tarifs, avec cette réforme, c’est qu’ils seront uniformisés au sein des structures par un arrêté interministériel. Tous les désormais EPH pratiqueront les mêmes prix. Pareil pour les CHR. Depuis l’Initiative de Bamako, la question du coût de la santé en Afrique est toujours autant débattue. Peut-on valablement se soigner gratuitement ? Après tout, la santé n’a-t-elle pas un coût ? Néanmoins, il ne faut pas oublier qui si l’Initiative de Bamako met l’accent sur la prise en charge du patient, elle préconise également la participation de celui-ci à sa propre santé. « Avec l’avènement de la Couverture maladie universelle (CMU), la réforme hospitalière n’aura presque pas de coût pour le malade. De plus, nous estimons que les Ivoiriens ont toujours payé pour se soigner. La gratuité ciblée n’a concerné qu’une couche de la population. Et l’État a dû payer à sa place. La santé n’est pas gratuite », ajoute le leader du Synacass-CI.

Mise à niveau Pour l’instant, la réforme hospitalière n’est qu’un projet de loi qui a été adopté en Conseil des ministres. Il faudra lui donner forme en la faisant voter par l’Assemblée nationale. Mais, même là, le chemin n’aura été fait qu’à moitié. Parce que, pour sa mise en œuvre, il faudra des décrets d’application. Des réunions et des réunions. Des campagnes de sensibilisation. Il ne faut pas l’ignorer : l’un des volets essentiels de ce texte est que le malade a le devoir de suivre la pyramide de soins. En cas de bobo, il devra d’abord se rendre dans un hôpital de proximité. Si l’établissement en question ne peut pas guérir son mal, on l’enverra dans un autre centre de santé, suivant dans la hiérarchie sanitaire. Les CHU (désormais EPH) ne sont que le dernier maillon de la chaîne. Il ne sera plus question d’y aller directement pour un mal de tête. Mais plus facile à dire qu’à faire. « Beaucoup d’hôpitaux n’existent que de nom. Ce sont de gros dispensaires, qu’on a transformés en hôpitaux », reconnaît Docteur Albert Edi Ossouhou, directeur de la médecine hospitalière et de proximité au ministère de la Santé et de l’hygiène publique. Et Docteur Edi Ossouhou d’ajouter : « c’est ce que l’État veut corriger, du point de vue du plateau technique. Tout ce que vous voyez, d’ici un à deux ans va changer ». C’est la condition sine qua none pour la réussite de ce projet. La réforme hospitalière ne sera au final qu’une pile de documents classés dans un tiroir, tant qu’elle ne sera pas précédée d’une mise à niveau de la pyramide sanitaire. Le besoin est tel en termes d’infrastructures qu’il faut se mettre d’ores et déjà au boulot. Tant qu’il restera des malades alités dans les halls des hôpitaux, des services sociaux qui n’existent que sur papier, des prestations sans la moindre once d’humanité, des CHU où les coupures d’électricité sont fréquentes, un ratio hôpitaux / population atrocement déséquilibré, alors le combat sera voué à l’échec. La véritable réussite de la réforme hospitalière ne viendra pas de son adoption, ni en Conseil des ministres, ni à l’Assemblée nationale, mais dans les hôpitaux. Car, comme le dit Donation Robé, spécialiste de la santé, quelle que soit la réforme de l'offre de soins envisagée, « si la demande de soins n'est pas améliorée, il ne faut pas s'attendre à des résultats probants. Il s'agit bien d'un système bien pensé, avec un financement solide et une politique de gestion du risque maladie efficace ».

Raphaël TANOH

 

 

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