Gauche ivoirienne : émietté et en rang dispersé

Principal parti de la gauche ivoirienne, le Front populaire ivoirien (FPI) a explosé. Désormais écartelé entre plusieurs partis politiques, les militants de gauche sont en quête d’un nouveau départ. Solide avant l’élection présidentielle de 2010, affaibli par la perte de pouvoir et l’emprisonnement de plusieurs de ses leaders, le retour attendu de Laurent Gbagbo a exacerbé les clivages. En plus du FPI dirigé par Pascal Affi N’Guessan, le COJEP de Charles Blé Goudé a pris ses distances avec Laurent Gbagbo qui a largué Simone en plein vol et s’apprête à repartir de zéro. Face à cette explosion d’ambitions et de contradictions, les partis de gauche offrent un spectacle peu honorant à leurs militants et sympathisants, obligés de s’accrocher à une des désormais nombreuses branches.

En 1990, quand sonne l’heure du retour au multipartisme, le Front populaire ivoirien (FPI) fait office de leadership au sein de l’opposition et est en même temps la figure de la gauche socialiste en Côte d’Ivoire. À la fin du mois d’avril 1990, le multipartisme est réel en Côte d’ivoire. Le FPI de Laurent Gbagbo n’était plus clandestin, le Parti ivoirien des Travailleurs (PIT) de Francis Wodié fut réel, l’Union des sociaux-démocrates (USD) de Zadi Zaourou tenait sur pied, le parti de Bamba Moriféré, le Parti pour le progrès et le socialisme (PPS) sorti de son carcan.  Le tableau se présente ainsi pour les partis de gauche animé par des enseignants d’université. Ils connaissent par la suite des fortunes diverses avec la disparition presque de l’USD et du PPS. Trente ans après sa création et dix ans après la perte de pouvoir, le FPI, seul survivant de ces partis, est à la croisée des chemins. De retour en Côte d’Ivoire après dix ans de procès à la Haye, Laurent Gbagbo était censé mettre de l’ordre dans son parti et reprendre les choses en mains. Même si depuis 2006 des pontes du FPI au pouvoir travaillaient à mettre en avant le Congrès national de démocratie pour  la résistance et qu’en 2010 Laurent Gbagbo a préféré aller à l’élection sous la bannière de La mouvance présidentielle (LMP), le FPI est resté la colonne vertébrale de cette gauche. 

 Une longue agonie ?  Les prémices de cette déchirure sont visibles cinq ans après l’accession du FPI au pouvoir. Mis en place le 2 mars à Abidjan 2006, le Congrès national de la résistance pour la démocratie (CNRD) est le fruit d’un arbitrage de Laurent Gbagbo entre deux camps qui s’affrontaient dans son entourage. D’un côté, celui de Pascal Affi Nguessan, qui cherchait à placer les pro-Gbagbo de tous bords sous la férule du Front populaire ivoirien (FPI, le parti au pouvoir). Et, de l’autre, les leaders de la galaxie patriotique qui tenaient à se démarquer du FPI et à garder leur identité.  Mais le problème n’est pas pour autant réglé, rappelle un cadre du FPI. Lorsque vient la date de dépôt de candidature pour l’élection présidentielle de 2010, Laurent Gbagbo prend le FPI à contre-pied sur tous les plans. Il part sous la bannière de la LMP  et va plus loin  offrant le poste de directeur national de campagne pourtant lorgné par des cadres du FPI comme Pascal Affi N’guessan à Malik Coulibaly qui n’est point estampillé à l’effigie du parti. La JFPI est alors complètement phagocytée par le COJEP de Charles Blé Goudé. Son président, Navigué Konaté devient le second de Charles Blé Goudé dans la direction nationale chargée de la jeunesse du candidat Laurent Gbagbo. Enfin la direction nationale de campagne chargée de la mobilisation des femmes est confiée à Geneviève Bro Grébé qui n’a jamais été militante du parti frontiste, au détriment des femmes qui ont tout donné pour hisser le FPI comme Odette Lorougnon, Odette Sauyet. Quand la LMP explose après la défaite de Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle de 2010, commence une guerre interne au sein du FPI. Après 28 mois de prison, quand Pascal Affi N’guessan retrouve la liberté en 2013, il se retrouve au cœur d’une guerre larvée avec Miaka Oureto qui assurait son intérim. Affi est alors accusé d’avoir « dealer sa libération ». Commence ainsi le « Affi Bashing » qui connaît son apothéose début août quand Laurent Gbagbo décide de lui laisser le parti. 

 Guerre de trois C’est acté désormais, Laurent Gbagbo, Simone Ehivet et Pascal Affi N’guessan n’ont plus la même « vision » pour emprunter le mot à Simone Gbagbo.  Le FPI explose ainsi entre trois de ses grandes figures dont l’histoire politique rime avec le parti.  Président du FPI depuis maintenant vingt ans, Pascal Affi tente de le reconstruire et de le repositionner sur l’échiquier politique. La tâche ne s’annonce pas facile. Affaibli par les résultats des élections législatives de mars dernier, le coup de massue qu’il a reçu en août de la part de Gbagbo n’a fait qu’empirer les choses. Ses appels de pied à l’endroit de Simone n’ont rien donné.  Elle préfère désormais travailler pour son propre compte après avoir tenté, sans succès, de rencontrer Laurent Gbagbo afin d’aplanir les divergences. Même si elle n’a pas encore posé le pas en créant son parti, elle peaufine sa stratégie chaque jour de plus en plus et donne de la voix. Selon quelques indiscrétions autour d’elle, elle joue sur le temps et devrait se lancer après la création du parti de Laurent Gbagbo. Quant à Laurent Gbagbo, il part avec une bonne partie du FPI avec lui mais le contexte de 2021 n’est pas celui de 1990 où il avait bénéficié d’un fort soutien des populations à la création du FPI. Les trois personnalités qui s’affrontent déjà par meeting et presse interposée ne se feront pas de cadeaux dans les jours à venir. 

En appendice  Le Weekend du samedi 25 septembre était le rendez-vous pour la détermination. A Yamoussoukro, l’Union des nouvelles générations (UNG) battait le rappel de ses troupes  pour le certificat de décès de leur parti. A Abidjan, Charles Blé Goudé actait son divorce avec Gbagbo et Simone sous le sceau de parrainage d’un mouvement, donnait les prémices de son avenir politique. Charles Blé Goudé qui avait été adulé par Laurent Gbagbo dès son arrivée au pouvoir a décidé de voler désormais de ses propres ailes. S’il a toujours indiqué ne pas être un militant du FPI, il a présenté, tout au long de sa carrière, Laurent Gbagbo comme son référent politique. Les deux hommes enfermés à la Haye n’ont sans doute pas eu le temps de discuter de leur avenir politique commun. Résultat, le divorce est consommé. Blé Goudé qui se dit « pur produit de la gauche » a également engagé ses militants à conquérir le cœur des ivoiriens. Les bastions naturels de la gauche politique se trouvent ainsi dispersés non plus entre plusieurs courants mais entre de véritables partis politiques qui veulent faire de la conquête du pouvoir leur cheval de bataille. Les élections locales de 2023 pourraient être un véritable test pour chacun des partis de gauche avant la présidentielle en 2025. Mais en attendant, place à l’installation des sections de bases, à leur vitalité et à une prise en main du débat politique. Car, concentrés sur leur divergence, ces partis de gauche sont aux abonnés absents sur les grands débats du moment. 

 

Yvan AFDAL

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