Gouvernement – syndicats d’enseignants : Le gros malaise

La trêve sociale obtenue en 2017 entre syndicat et gouvernement est désormais rompue

Alors que de nombreux Ivoiriens croyaient que la signature de la trêve sociale, en août 2017, était synonyme de paix à l’école, ce secteur vient de retomber dans ses travers. Avec une nouvelle grève des enseignants qui dure depuis environ un mois, ce sont les élèves les premières victimes.

Cela va faire bientôt quatre semaines que l’école ivoirienne a renoué avec ses vieux démons. Écoles primaires, collèges et lycées, dans de nombreuses localités, sont paralysés par la Coalition du secteur éducation - formation de Côte d’Ivoire (COSEF - CI) qui réclame la revalorisation de l’indemnité de logement pour les enseignants du secondaire public à 100 000 FCFA. Ce dossier n’avait pas encore été ouvert que, le 4 février, les instituteurs de l’Intersyndicale de l’enseignement primaire public de Côte d’Ivoire (ISEPP - CI) se sont ajoutés au lot des mécontents, avec une grève reconductible dans le préscolaire et le primaire. Achevant ainsi de paralyser presque totalement le secteur de l’éducation nationale. Ils réclament la suppression des cours le mercredi, un profil de carrière et la revalorisation de l’indemnité de logement. Seul le privé laïc semble encore tenir debout. Mais, avant les congés de février, on signalait des perturbations dans plusieurs établissements privés de l’intérieur, par des groupuscules d’élèves du public. Et le Syndicat libre des enseignants du privé de Côte d’Ivoire (SYLEP - CI), vient de déposer son préavis de grève. D’après son secrétaire général, Emmanuel Ehouman, les professeurs du privé laïc vont débrayer à partir du 19 février pour exiger qu’on leur paye une indemnité de logement. Ils veulent également une déclaration effective de tous les enseignants à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), le montant de leurs arriérés s’élevant à plus de 24 milliards de francs CFA. Avec cette dernière menace, c’est le sort de plus de 4 millions d’élèves qui est en jeu pour cette année scolaire 2018 - 2019. « Si le gouvernement n’est pas saisi par la raison, nous sommes prêts à aller jusqu’au bout », assène Pacôme Attaby, porte-parole de la COSEF – CI, soit une année blanche, s’il le faut. Plus virulente sur le terrain, l’ISEPPCI proclame qu’elle ne pliera l’échine devant aucune menace, d’où quelle vienne. Les ponctions sur salaires ? Elle n’en a cure ! Les appels à la reprise lancés par Claude Kadio, Président de l’Organisation des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (OPEECI) ? « Ça ne marche plus », balaye du revers de la main Jérôme Ourizalé, Secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du primaire public de Côte d’Ivoire (SAEPPECI). Pour Bli Blé David, porte-parole de l’ISEPPCI, il faut qu’on les écoute. C’est cela ou plus aucun élève du primaire public ne foulera le chemin de l’école avec cette grève reconductible.

Paralysie Le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle a fini par comprendre leur état d’esprit : quand les enseignants veulent quelque chose, ils font tout pour l’obtenir. « Beaucoup d’efforts ont été faits de la part du gouvernement pour les soulager à chaque fois qu’ils revendiquaient. Ils ont été notamment décrochés, revenant à leurs anciens salaires. La revalorisation indiciaire a suivi. Depuis 2018, le gouvernement paye le stock des arriérés à ceux qui sont concernés… Mais nous avons l’impression que cela leur donne un sentiment de faiblesse de la part des autorités. Donc, ils veulent jouer là-dessus. Mais les enseignants ne sont pas la seule corporation du pays. Il y a d’autres priorités », s’indigne un cadre du cabinet de la ministre de l’Éducation nationale, Kandia Camara. Habitués aux grèves intempestives dans le secteur, beaucoup d’Ivoiriens avaient cru qu’avec la signature, en août 2017, de la trêve sociale entre les syndicats de la fonction publique et le gouvernement, c’en serait fini de la pagaille. Du moins, pendant 5 ans. Dans un certain sens, les autorités aussi l’avaient pensé. Avec le recul, beaucoup en viennent à se demander si les enseignants du secondaire et du primaire public n’en font pas un peu trop ? « On a l’impression que c’est répétitif (…). Il est vrai que des efforts ont été faits de la part des autorités pour augmenter les salaires », souligne Claude Kadio, Président de l’OPEECI. Avant de poursuivre : « les enseignants sont eux aussi des parents d’élèves. Il faut qu’ils pensent au tort que ces grèves leur causent ». Karamako Traoré, Secrétaire général du Comité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (CEECI) est plus acerbe. « Nous croyons que les enseignants pensent peu à l’avenir de l’école, aujourd’hui. Tout ce qui les intéresse, c’est leur bien-être personnel, comment se faire plus d’argent ». Pour Sidi Touré Tiémoko, porte-parole du gouvernement, il y a quelques « excès dans l’application de ces différentes grèves ». À l’issue du Conseil des ministres du 6 février dernier, le gouvernement les a appelés à respecter leurs engagements. « Nous lançons un appel à la responsabilité à l’attention de tous les différents syndicats, parce qu’il y va du parcours scolaire de nos frères, nos sœurs, nos enfants (…), qui sont souvent inscrits dans les différents établissements », a ajouté M. Touré. Les syndicalistes, eux, parlent de la légitimité de leurs mouvements. Il n’y a pas d’exagération, se défendent-ils.

Dupés Tous les problèmes évoqués, à les entendre, sont réels. En fait, d’après ces fonctionnaires, le hic vient de la nouvelle posture adoptée par les autorités depuis la signature de la trêve sociale. À force de rabâcher « trêve sociale égale 5 ans sans grève », on a fini par oublier les fondements même de cette entente tacite, dont le plus important était la mise sur pied d’un comité de suivi pour résoudre les problèmes sectoriels. « Le comité de suivi n’a jamais vu le jour », regrette Théodore Gnagna Zady, Président de la Plateforme nationale des organisations professionnelles du secteur public. « Il n’y a pas eu de disposition sociale pour nous écouter». Dans les faits, d’après Gnagna Zady, la grève de janvier 2017 qui a abouti à la signature de la trêve sociale a concerné des points de revendications transversaux à plusieurs corporations, notamment la réforme de la retraite.  « Mais nous savions tous qu’ils y avait aussi des revendications sectorielles qui n’avaient pas été prises en compte. Le comité de suivi devait s’en charger en recevant les corporations concernées ». Sauf que, pour le gouvernement, le plus dur avait été fait, vu qu’il détenait un document pacifique historique, dans lequel toutes les faîtières s’engageaient à ne plus troubler la quiétude des Ivoiriens. Il n’y a pour Gnagna Zady pas d’exagération dans les grèves, seulement un malentendu. Un malentendu ? La ministre de l’Éducation nationale a tout de suite tenu à mettre les points sur les I à ce sujet. En recevant les syndicalistes le 15 février dernier, Kandia Camara leur a déclaré : « je ne comprends pas cette grève ». Alors qu’ils parlent d’absence de dialogue, son cabinet, selon la ministre, a reçu à maintes reprises les enseignants. Ce qui ne les a pas empêchés de débrayer. Avec le démarrage des négociations en début de semaine, un chronogramme de discussions en vue de la résolution de tous les points de revendication a été établi. Mais la véritable question est : pourront-ils s’entendre avant la fin des congés, le 25 février prochain ? « Pour être honnête, je n’y crois pas tellement », souffle Abba Eban, Président du Mouvement national des enseignants de Côte d’Ivoire (MUNECI), membre de l’ISEPPCI. Au ministère de l’Éducation nationale, on n’y croit pas non plus parce qu’on a le sentiment d’avoir été dupé et que la pilule est dure à avaler. « La trêve sociale a été une vaste escroquerie », lâche un des experts désignés pour discuter avec les syndicats. « Il faut arrêter l’hémorragie », prévient-il. « Sinon on n’en finira pas avec les revendications ». Et cela commence maintenant. Il se peut donc que, cette fois-ci, ce soit la grève de trop.

Raphaël Tanoh

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