Climat social, politique et militaire : un cocktail explosif

S’achemine-t-on vers la fin de la pression par les armes?

Les regards tournés vers l’installation des institutions de la 3è République, avec l’élection du président de l’Assemblée nationale lundi dernier, suivie de la nomination du vice-président et de celle du Premier ministre, les Ivoiriens n’avaient pas vu venir la surprise des militaires. La célérité avec laquelle les choses se sont déroulées durant le week-end dernier a fait revivre aux Ivoiriens de tristes souvenirs, et leur a rappelé que la paix reste fragile, six années après la fin de la crise post-électorale. Même si les militaires affirmaient n’avoir que des revendications corporatistes, les méthodes utilisées n’étaient guère rassurantes.

Si le président Alassane Ouattara a désamorcé une nouvelle bombe, il n’en demeure pas moins que le mal qui ronge l’armée ivoirienne reste profond et peut, à tout moment, déstabiliser les institutions politiques. Et ce dans un contexte où de nombreux ex-combattants démobilisés vivent dans un état de précarité inquiétant. Cette situation, à en croire certains observateurs de la politique ivoirienne, entraîne de fréquentes pertes de sang-froid. Un état d’esprit qui les expose aux caprices d’aventuriers politiques de tout acabit, comme JDA s’en était fait l’échos dans son édition du 8 décembre 2016, en rapportant les propos du Contre-amiral Djakaridja Konaté. « Je ne permettrai pas que l’on vous perturbe avec des tracts ou des SMS. Je vous invite à ne pas vous laisser manipuler, car il ne s’agit pas pour vous de mourir pour des politiciens à court de stratégies», avait-il lancé le 6 décembre, lors d’un rassemblement de commandos marins à la base navale de Locodjoro.

Menaces sous-estimées ?

Tout porte à croire que les plus hauts gradés des Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI), et peut-être même certains décideurs politiques, étaient bien au courant de la grogne dans les différentes casernes. À quelques jours des élections législatives, des informations de plus en plus persistantes faisaient état de bruits de bottes, précisant même que Bouaké, épicentre de la contestation, pourrait donner le coup d’envoi à tout moment. Mais l’information avait été traitée de « rumeur», comme il est de coutume à chaque veille d’élections. Pourtant, un expert en stratégies militaires indique, sous le couvert de l’anonymat, que « l’environnement social et politique actuel y était favorable. » Selon ce dernier, ce climat risque de perdurer tant que les autorités politiques ne se décideront pas à évacuer définitivement toutes les questions militaires liées à la crise post-électorale, et à prendre langue avec les différents syndicats pour apaiser le climat social. D’autant plus que, selon ce dernier, « 40% des États qui sortent d’un conflit y retombent dans les dix années qui suivent. »

Trouble-fêtes

Estimant être laissés pour compte, des soldats démobilisés, pour la plupart, et même ceux qui ont été réinsérés dans l’armée demeurent un casse-tête pour les politiques. Se- lon les chiffres de l’Autorité de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (ADDR), seulement 40% des démobilisés ont réussi leur réinsertion. Les 60% restant sont divisés en trois groupes. Le premier étant constitué de ceux qui ont effectivement reçu un kit de réinsertion, mais ont échoué pour plusieurs raisons. Ces derniers sont pour la plupart, selon un rapport de la police nationale, majoritairement impliqués dans les braquages, les exactions commises par les coupeurs de routes et dans des activités satellites des transports. Le deuxième groupe comprend, pour sa part, ceux qui n’ont pas pu être pris en compte pour des raisons di- verses. Ceux-ci sévissent également sur les routes. Enfin, le troisième groupe est composé des démobilisés ayant refusé le kit d’insertion, parce que promesse leur avait été faite d’intégrer l’armée, la gendarmerie, la police, les douanes, ou les eaux & forêts. Toujours selon ce rapport de police, ces derniers sont majoritairement recrutés dans les sociétés de gardiennage organisées, ou au compte de personnes privées. D’autres ont pu se faire une place sur les sites d’orpaillage clandestin, dont ils assurent la surveillance et la protection. Ils gardent l’espoir d’être appelés dans les rangs de l’armée. Le risque pour la stabilité de l’État se trouve donc dans l’agrégation de ces frustrations avec celles d’autres corporations civiles.

Climat social bouillonnant

L’année 2016 aura en effet été marquée par une vingtaine de grèves, qui ont troublé l’ordre public. Si elles ont débuté le 25 janvier, avec les syndicats des machinistes de la Société des transports abidjanais (SOTRA), elles ont été bouclées par la grève de l’intersyndicale des agents et fonctionnaires du public. Toutes ces manifestations ont été greffées autour de la vie chère, de l’amélioration des conditions de travail, du paiement du stock des arrières dû par l’État, et de l’augmentation du prix de l’électricité. Malheureusement, dans l’ensemble, des solutions durables n’ont pas été trouvées à ces revendications, comme c’est le cas pour les problèmes posés par le premier soulèvement des militaires en novembre 2014. Notamment la question du paiement des primes de cinq millions, l’obtention d’une villa pour chaque militaire et la fameuse prime Ecomog. Celle-ci, disent-ils, leur aurait été promise, si en lieu et place des éléments de la force armée de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ils parvenaient à faire respecter le résultat de la présiden- tielle de novembre 2010. Revendications qui, d’ailleurs, constituent les principaux points de leur récente sortie. À cette grogne sociale et militaire, il faut ajouter les questions politiques nées autour des élections référendaire et législatives. Autant dire que le nouveau gouvernement, dirigé par Amadou Gon Coulibaly, devra faire preuve de beaucoup d’habileté pour désamorcer cette colère sur les fronts social, politique et militaire. Ce cocktail explosif pourrait mettre à rude épreuve la paix qui s’installait progressivement.

Le chantier de l’armée

Il sera difficile, selon certains militaires rencontrés par JDA à l’état-major des armées au Plateau, de tourner définitivement la page des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), pour celle des FACI. Les raisons résideraient dans le fait que durant plusieurs années, la désorganisation de l’armée a conduit des jeunes sans grade à humilier certains de leurs supérieurs, car plusieurs éléments de l’ex-rébellion devenus soldats de rang, se réfèrent encore à leur hiérarchie de l’ex-rébellion, plutôt qu’à celle au sein de l’armée régulière. « Il n’est pas rare d’entendre certains dire se reconnaître en Zakaria Koné, Issiaka Ouattara (Wattao), ou Chérif Ousmane», nous confient-ils. Au-delà du changement de dénomination, une refonte profonde de l’armée devrait s’opérer, sinon « nous allons toujours traîner des boulets au pied», avertit un haut gradé.

Ouakaltio OUATTARA

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