Déchets électroniques : Un péril silencieux

Les recycleurs et réparateurs sont les plus exposés aux dangers et risques liés aux déchets électriques et électroniques

Les chiffres des Nations unies publiés le 13 décembre dernier sont effrayants. La planète a produit 44,7 millions de tonnes de déchets électroniques en 2016, soit 8% de plus qu’en 2014. Ce chiffre devrait connaitre une hausse de 17%  d’ici à 2021 et marquer l’augmentation la plus rapide et la plus importante en termes d’ordures ménagères dans le monde. « L'accumulation de ces déchets (télévisions, téléphones, ordinateurs, réfrigérateurs etc), le plus souvent nocifs pour l'environnement et la santé, représente l'équivalent de 4 500 Tours Eiffel »,  souligne le rapport, publié par l'Université des Nations Unies (UNU) en relation avec l'Union internationale des télécommunications (UIT) et l'Association internationale des déchets solides (AIDS).

Appelant à un meilleur traitement des déchets électroniques, les experts en la matière constatent tout de même une amélioration dans la mise en place de politiques de recyclage. Mais seulement 20% des déchets générés en 2016 ont été collectés et recyclés. Les 80% restants ont été incinérés, entreposés dans des décharges en plein air ou enfouis dans le sol, malgré la présence de composants de valeur, comme l'or, l'argent, le cuivre et le platine, qui pourraient être récupérés. Valeur totale de ces matériaux, 55 milliards de dollars américains, une valeur « supérieure aux économies nationales de la plupart des pays dans le monde », notent les auteurs du rapport. Alors que les pays développés disposent de plus en plus de mécanismes de récupération et de gestion,  les pays en voie de développement, comme la Côte d’Ivoire éprouvent, en revanche, des difficultés en la matière. Non seulement ces pays ne disposent pas d’équipements pour le traitement, mais, en plus, ils doivent faciliter l’accès de leurs populations aux TIC et à leurs outils. Il est fréquent, dans les villes de la Côte d’Ivoire de voir ces déchets électroniques s’accumuler dans des décharges à ciel ouvert, des ravins, des dépotoirs et même sur le sol, où ils côtoient les autres déchets ménagers. Une situation qui fait dire à Maurice Kouassi, informaticien et responsable du projet de dématérialisation du CHU de Cocody qu’il faut « absolument une filière de  gestion des déchets électroniques ». Selon lui, il faut prendre le taureau par les cornes, car « ce sont des déchets hautement toxiques, au même titre que les déchets hospitaliers et nucléaires ». De véritables dangers pour l’environnement et la santé, dans la mesure où ils contiennent des produits relativement nocifs, comme le mercure, le plomb ou encore le phosphore. Lorsque ces produits ne sont pas éliminés de manière appropriée, ou en cas de mauvaise gestion, ajoute-t-il, leurs composants toxiques peuvent se libérer dans l’atmosphère, mais aussi contaminer le sol et atteindre la nappe phréatique en cas d’enfouissement. Ce qui peut entrainer une pollution de l’air et de l’eau, et donc menacer gravement l’environnement et la santé humaine. « Malheureusement, la plus grande partie de ce matériel est enfouie dans les sols », se désole-t-il, surtout quand on sait que les risques d’intoxication de l’eau sont importants. L’eau contaminée par ces produits peut être utilisée pour l'irrigation ou l'abreuvement du bétail et se retrouver dans les végétaux comestibles et la viande. Pour le Dr Issa Koné, médecin généraliste, plusieurs études établissent des liens directs entres les déchets électroniques et certaines maladies, comme le tétanos, le cancer, la tuberculose et certaines pathologies respiratoires et cardiovasculaires. « Le pire, c’est qu’il est difficile pour les médecins d’identifier à la première analyse ces produits chimiques, dont le plomb, le mercure et le cadmium, comme étant les causes d’une quelconque intoxication d’un patient, à moins que le taux de récidive dans une région donnée ne soit très élevé » prévient-il.

 

Des statistiques non fiables L’une des difficultés de gestion de ces déchets réside dans l’absence de chiffres fiables. En dehors de diverses statistiques partielles, il est à ce jour impossible de cerner avec exactitude l’ampleur du fléau. Le gouvernement ivoirien estime toutefois ces déchets à 90 000 tonnes sur tout le territoire national. Des opérateurs du secteur des télécoms (MTN et Ericsson), qui avaient lancé en 2014 - 2015 une phase pilote de collecte de téléphones usagés, visant initialement 40 tonnes de terminaux hors d’usage, ont en définitive collecté plus de 70 tonnes de mobiles et autres équipements électroniques usagés. Un résultat qui reste l’une des rares données disponibles localement sur le sujet et donne un aperçu effarant de l’ampleur du phénomène dans le pays. En dehors de cette opération, aucune autre enquête n’a pour l’instant été menée, même si pouvoir publics, société civile et acteurs du secteur des télécoms sont unanimes concernant l’allure inquiétante que prennent les choses.

 

Cadre règlementaire naissant Un décret réglementant la gestion des DEEE en Côte d’Ivoire a été pris en Conseil des ministres le 5 mars 2017. Ce texte, explique le gouvernement, « vise à lutter contre la prolifération des déchets issus d’équipements électriques et électroniques et à promouvoir la réutilisation et le recyclage, ainsi que les autres formes de valorisation de ces déchets, selon les normes écologiques ». Mieux, le 14 décembre 2017, le gouvernement a pris soin de désigner une entreprise, la Société générale de surveillance (SGS SA), pour la collecte et le traitement des déchets électroniques, dans le cadre du Programme national de récupération et de recyclage des D3E et pneumatiques usagés, pour gérer ce type de pollution de façon « écologique et rationnelle ».  Une politique qui sera déclinée en trois modules. « Le premier consiste à identifier et à enregistrer les produits importés neufs et de seconde main en état de marche en Côte d’Ivoire. Le deuxième consiste à collecter, pour le compte du gouvernement, l’écotaxe sur les produits importés neufs et de seconde main dans notre pays, en vertu du principe pollueur - payeur et de celui de la Responsabilité étendue du producteur (REP) ». Un cadre règlementaire qui propose des solutions et réjouit  Maurice Kouassi, pour qui « ce n’est pas tout qu’il faut accepter, car les équipements qui viennent d’ailleurs doivent respecter certaines normes de recyclabilité et certaines normes de réutilisation possible ».

Ouakaltio OUATTARA 

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