Ahmed Koffi Zarour : « IL NOUS FAUT CRÉER UNE OPEP DU CACAO »

Dans quelques jours, s’ouvre la campagne intermédiaire cacao 2017. Elle sera marquée par une baisse considérable du prix du kilogramme bord champ. Dans un contexte marqué par des perturbations constatées dans la commercialisation du cacao, les producteurs appellent à la recherche de solutions en vue d’améliorer leur situation. Dans cet entretien accordé à JDA, Hamed Koffi Zarour, Directeur général de la Société AFRICA GROWTH spécialisée dans la commercialisation, donne sa recette pour faire face à l'instabilité des marchés.

Journal d’Abidian : Au mois de février 2017, Bolloré Transport & Logistics en Côte d’Ivoire a exporté plus de 121 000 tonnes de cacao. Votre lecture de cette opération dans le contexte de blocage de plusieurs tonnes de cacao dans les ports d’Abidjan et de San Pedro depuis décembre 2016.

 

Hamed KOFFI ZAROUR : Je dirais qu'il n'y rien de particulier dans cette opération. C'est une opération classique. Vous n'êtes pas sans savoir, que les exportateurs cités, à savoir Barry Callebaut, Cargill, Touton Négoce et UNICAO font partie des acteurs les plus importants du marché du cacao en termes de volume traités, donc de capitalisation financière. Mais surtout,de respect des engagements contractuels. C'est le contraire qui aurait surpris.

 

Dans ces conditions, quelles sont vos propositions en vue d’améliorer la situation de tous les acteurs de la filière café-cacao ?

Au regard des insuffisances et des dysfonctionnements constatés, il est nécessaire d'instaurer une concertation nationale entre les principaux acteurs des filières Café et cacao en vue de trouver les solutions idoines et durables. Nos parents planteurs souffrent de ces instabilités récurrentes dans ces filières. Ils sont le maillon faible de la chaîne, alors que ce sont eux qui produisent la richesse qui fait la fierté de notre pays.

 

La transformation est, pour ma part, la seule voie pour faire face à la volatilité et l'instabilité des marchés. Elle apporte une forte valeur ajoutée et permet une meilleure rémunération des prix des fèves de cacao, donc l'amélioration des conditions de vie des producteurs. Les ressources financières sont disponibles pour engager un vaste programme d'industrialisation de la filière Café et cacao. Notre avenir se trouve dans la transformation de nos matières premières. Cela doit être un objectif prioritaire.

 

Deux des missions du Conseil du café cacao en matière de stabilisation consistent à réaliser la prévision des récoltes, procéder au suivi des stocks physiques. Qu’est-ce qui n’a pas marché pour qu’on en arrive à cette situation de blocage ?

 

Je serais très franc avec vous. Ce qui n'a pas marché relève tout simplement de la spéculation sur un grand volume de cacao par certains exportateurs. On parle de 350 000 à 400 000 tonnes. Ceux-ci ont réalisé des achats massifs auprès du Conseil cacao et n’ont pas vendu les tonnages qui leur ont été attribués. Le cacao ayant perdu plus de 30% de sa valeur sur les principaux marchés à terme de Londres et de New York, cela a entraîné un gap de l'ordre de 500 Cfa le kg en moyenne. Faites le calcul, et vous verrez ce qui plombe tout le système. C'est plus de 200 milliards de franc CFA qui manquent dans le circuit de commercialisation intérieur et extérieur, hors les recettes fiscales adossées à ces tonnages cela va chercher globalement dans les 300 milliards de Fcfa. Les plus touchés par cette situation sont les planteurs, les banques et l'Etat. Le prix garanti au planteur n'est pas respecté, les banques se retrouvent avec des financements en risque et l'Etat avec une baisse des recettes fiscales, ce qui peut avoir un impact négatif sur les prévisions budgétaires. Il faut repenser le modèle économique mis en place, en le rendant plus crédible et plus performant. D’ores et déjà, il faut procéder à la mise à l'écart de tous ceux qui se sont tristement signalés par le non respect de leurs engagements.

 

En 2005, dans le contexte de la libéralisation de la filière, vous dénonciez le manque de stratégie viable pour faire face aux effets pervers que sont la détérioration de la qualité des fèves exportées, le manque de financement de la commercialisation et surtout le manque d’outils de gestion de risque pour faire face à l’instabilité des cours. Qu’en est-il aujourd’hui avec le retour à la stabilisation ?

 

Je dénonçais le fait que cette libéralisation, qui avait été imposée à la Côte d'ivoire par le FMI et la Banque mondiale n'a pas donné satisfaction, faute de mesures d'accompagnement. En effet, quand on est le premier producteur mondial de cacao avec près 2 millions de tonnes en vente spot, cela a forcément des conséquences sur les cours mondiaux très souvent à la baisse. Avec une surabondance de l'offre et des stocks mondiaux. Il était nécessaire de mettre en place des mécanismes de régulation et de soutien des prix. La réforme de la filière, avec à nouveau la stabilisation devait permettre d'anticiper sur un retournement des cours mondiaux du cacao. C'est l'objectif et la mission assignée au Conseil Cafe cacao. Mais, pour l'instant cela n'est pas le cas.

 

Vous disiez, toujours en 2005, qu’il était difficile de concevoir que le premier producteur de cacao, qu’est la Côte d’Ivoire n’ait pas d’influence sur les cours mondiaux et n’ait pas mis en œuvre une politique commerciale pour faire face à la volatilité des cours. Selon vous, l’installation du siège de l’ICCO à Abidjan va-t-elle changer quelque chose à cela?

 

Non, l'installation de l'ICCO en Côte d'ivoire n'a pas un impact sur le comportement des marchés. Ce qu'il faut savoir, c'est que des marchés non régulés génèrent de fortes fluctuations de prix, lesquelles sont amplifiées par le décalage entre le temps de plantation et de récolte et par la spéculation dans les marchés à terme de Londres et de New York. C'est à la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao avec plus de 35% de l'offre mondiale, de prendre l'initiative d'unir les gouvernements et les organisations agricoles des pays producteurs de cacao au sein d’une organisation internationale pour définir une politique commune en vue de mieux défendre leurs intérêts. Il nous faut créer une OPEP du cacao. Cela est faisable. Ce qui permettrait de réguler le marché dans l'intérêt bien compris des producteurs et des pays consommateurs.

Propos recueillis par

Benoît TANOH

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