Exclusif : Dr Soumaïla Major Doumbia se prononce sur ses 17 ans d’exil

Soumaïla Major Doumbia, 45 ans, en exil depuis 17 ans, a décidé de retrouver son pays après plusieurs bouleversements dans sa vie d’exilé, où il a dû affronter ex alliés et ennemis. De Bamako à Paris, Major a sillonné plusieurs villes africaines en quête de refuge ou de bien-être. Son retour, sauf changement de calendrier est prévu pour le 30 décembre.

Après 17 ans d’exil, qu’est-ce qui motive votre retour à Abidjan, prévu avant la fin de 2017 ?

Après 17 ans de cette vie d'exil, de clandestinité et d'errance à travers le monde, j'ai jugé qu'il fallait rentrer au pays, parce qu'il était temps. C'est l'appel de ma terre de naissance. Je mettrai cette décision en œuvre en rentrant à la fin de cette année 2017 pour participer aux activités de la fondation Droit à la vie, dont je suis membre d'honneur, et reprendre contact avec le peuple et la classe politique, même s'il est évident que je n'ai jamais rompu le contact avec mon pays, dont j'ai suivi la vie au quotidien pendant ces 17 dernières années. N'est-ce pas vrai qu'on n’est jamais mieux que chez soi ?

Pouvez-vous revenir sur les circonstances qui vous ont contraint à vous exiler en 2000 et à y rester après les changements successifs de pouvoir ?

En 2000, je suis parti du pays pour préserver ma vie, dans un contexte où nombre de mes amis, qui avaient défendu la même position que moi en ce qui concernait la neutralité du syndicat étudiant, avaient perdu la vie. Je me garderai de les citer. J'ai pris position contre le régime de Gbagbo dont certains membres me voyaient comme un adversaire qu'il fallait abattre. En 2002, j'ai donc accepté de soutenir, en tant que figure intellectuelle et par le discours, l'insurrection contre le régime de Gbagbo, qui était hostile à ma personne et avait pris position pour Blé Goudé, qui lui avait apporté clairement son soutien. En 2003, la rébellion, qui était la force porteuse de l’insurrection de 2002, sera traversée par une crise de leadership, avec la trahison de Ibrahim Coulibaly dit IB qui sera livré et emprisonné par ses propres camarades, avec lesquels il s'était retrouvé en exil à Ouaga et monté l'action du 19 septembre 2002. Je ne suis pas un traitre, je ne sais pas faire le traitre. Par conséquent, j'ai fait connaitre ma position contre la trahison de IB et je me suis battu pour le sortir de prison.

Cet acte a dressé contre moi ceux qui avaient fomenté ce complot. Une fois sorti de prison, j’ai pris un chemin différent de celui de IB car je ne partageais pas sa stratégie de reconquête de ce qu'il considérait comme son mouvement. Il a par la suite créé un parti politique, UNIR. Pour ma part, pour ne pas baigner dans ces querelles de personnes, j’ai pris mes distances des forces du MPCI (ex mouvement rebelle dirigé par Guillaume Soro), qui avaient des pratiques dans lesquelles je ne me reconnaissais pas, car éloignées de mon idéal de lutte pour le bonheur et le bien-être du peuple et de mon combat pour la réconciliation et l'unité nationale. C'est donc dans le cadre de mon parti, le Congrès panafricain pour le renouveau (CPR), que j’ai continué le combat. Après le départ de Gbagbo du pouvoir, IB sera tué dans la poursuite de cette guerre de leadership. Le groupe de Soro, étant plus proche de Ouattara à ce moment-là, fera campagne contre les proches de IB, pas seulement contre eux, mais contre moi aussi. Ils me gardaient une rancune tenace parce que je ne les avais pas soutenus en 2003 dans leur action visant à exclure IB.

Voilà comment une campagne d'intoxication sera menée contre ma personne, mêlant mensonges et faux complots, comme celui qui a été monté contre moi pour me faire arrêter au Congo en 2013 sur la base d’un mensonge rocambolesque pour lequel ils ont mis à contribution certains journaux, qui d'ailleurs continuent ces intoxications depuis l'annonce de mon retour au pays.   En ce qui concerne mes différents pays d'exil depuis  octobre 2000 où j'ai quitté le pays, j'ai commencé par le Ghana où je suis resté quelques mois. Croyant à une réconciliation qui avait été annoncée par les autorités, je suis revenu clandestinement au pays, pour ensuite repartir. En effet, ayant vu que cette réconciliation n'était que de façade je suis sorti du pays via Ferke où j'étais allé me planquer avec l'un de mes fidèles compagnons, en la personne de Morel Kone qui a été malheureusement assassiné, et dont le père m'avait confié la responsabilité de veiller sur lui.

À l'occasion des troubles en lien avec les élections législatives qui vont suivre l'élection de 2000, je sortirai donc une seconde fois du pays où je vivais en quasi clandestinité, pour me retrouver à Bamako avec une vingtaine de camarades étudiants. C'est cette vingtaine d'étudiants qui se retrouvera avec moi dans cette aventure au cours de laquelle nous bénéficieront de l'hospitalité des camarades de l'Association des étudiants du Mali (AEM) qui nous feront loger en résidence universitaire. Pour des raisons de sécurité, et vu que j'étais celui qui était le plus exposé, je me suis donc pris un studio dans la ville de Bamako où il fallait être très prudent à cause de la proximité géographique avec le pays. C'est de Bamako que j'irai en France le 28 février 2001, avec l'aide de ma famille et  surtout l'aide d'un ami qui est connu dans mon entourage comme étant mon tuteur de Bamako!

En 2008, je tente de retourner en Afrique où je viens m'installer pour diriger mes affaires, mais je suis contraint de retourner en France à la suite d'un grave ennui de santé qui m'impose un rapatriement sanitaire en urgence.

Après mes soins et ayant recouvré totalement la santé, en 2010, je reviens encore en Afrique pour une mission que je considérais comme une obligation morale dans le sens où il s'agissait de l'achèvement ou l'apothéose d'un combat politique que nous avions débuté et pour lequel l’on nous contraignait à l’errance. Les risques que je courais pour ma vie  dans ce combat étaient clairs pour moi, mais quand je crois en un combat, la mort devient secondaire, car je n'ai pas peur de mourir pour une cause en laquelle je crois. Je n'entrerai pas dans le détail de cette étape de ma vie, mais les initiés savent de quoi il s'agit.

En 2013, je me suis installé au Congo où j'ai domicilié le siège de mon entreprise FranceBurotik , c'est de là-bas que j'ai été expulsé sur la France, après l'échec de la manœuvre de manipulation et d'intoxication qui visait à me faire extrader en Côte d'ivoire, sur la base de la fausse et rocambolesque accusation, me présentant comme une personne qui avait le projet de faire un coup d'État en Côte d'Ivoire. Rappelez-vous que des gens ont même fait circuler dans des journaux et sur internet qu’ils avaient réussi à prendre des cd dans mes affaires où j’avais des plans de coup d’ État, ce qu’ils n’ont jamais pu montrer à personne. Une fois en France, j'ai pris le temps de démonter et d'exposer ces mensonges et depuis lors j'ai fait quelques tours en Afrique et dans plusieurs autres pays du monde sans chercher à m'y installer. Ma résidence principale reste désormais en France.

On vous a vu par le passé auprès de Guillaume Soro. Vos relations se sont ensuite détériorées et il en est de même de celles avec d’autres anciens leaders estudiantins…

Je n'ai jamais été auprès de Guillaume Soro. Cette affirmation est réductrice.  Nous avons été soit dans la même organisation, dont nous avions tous notre carte de membre en tant qu'adhérents, soit amenés à nous retrouver en tant que collaborateurs, momentanément, pour lutter pour une cause que nous pensions partager. Après, nous nous sommes rendu compte que notre idéal pour le peuple et nos pratiques n'étaient pas compatibles. Nous avons donc pris nos distances l'un vis-à-vis de l'autre. Cela dit, il reste pour moi un frère, malgré nos divergences politiques. C'est un jeune frère que j'invite à faire un repentir sincère et à se joindre au combat qui est le nôtre et qui ne vise qu'à donner le bonheur à notre peuple. D'ailleurs, à l'occasion de mon passage à Abidjan, je prendrai des dispositions pour chercher à le rencontrer pour discuter avec lui de l'avenir du pays.

En ce qui concerne les autres leaders estudiantins dont vous parlez, je ne vois pas avec qui je suis en froid. J'ai déjeuné la semaine passée avec Zereye Zedou, le cousin de Charles Blé Goudé, avec qui j'avais d'ailleurs un rendez-vous, confirmé par lui-même, pour le 20 novembre. Malheureusement, nous avons été contraints de reporter à une date ultérieure cette rencontre, à cause de la mort d'un détenu à la Haye et à cause aussi de mon voyage en Afrique. Dès que mon calendrier et les services de la CPI me le permettront, j’irai voir mon frère ! Nous avons tous les deux hâte de nous retrouver. Je ne suis pas un homme de rancune, car qui veut bâtir doit apprendre à tourner certaines pages du passé. J'ai pardonné à tous ceux qui m'ont fait du mal, parce qu’on ne construit pas un futur radieux sur des rancœurs. Soro reste pour moi un frère ! Et je lui tends publiquement, à travers cette interview, la perche de la réconciliation, en espérant qu'il aura la sagesse de comprendre que les intérêts du pays dépassent nos personnes et nos ressentiments personnels.

Avez-vous obtenu des garanties sécuritaires ?

Je n'ai pas besoin de garantie sécuritaire, dans la mesure où je ne me reproche rien. Je me considère comme un citoyen qui n’a commis aucun délit, et que de ce fait je n’ai rien à craindre. Il y’a un Etat en Côte d’Ivoire cet Etat a le devoir de garantir la sécurité de toutes les personnes et personnalité publiques qui sont sur son territoire, je fais confiance à l’Etat. J'avais juste besoin d'être à l'extérieur pour avoir la possibilité de me défendre et de clarifier certains faits avant d’entrer au pays. En effet, si j'avais été dans les liens de la détention pendant que ces personnes faisaient circuler toutes ces intoxications, mensonges et complots contre ma personne, comme elles savent le faire , je n'aurais pas pu donner ma version des faits, car j'aurais été emprisonné sans pouvoir le défendre où simplement assassiné avec mon âme Sali par ces mensonges et intox.  Aujourd'hui où elles sont démasquées et que le temps a permis d'exposer leurs mensonges, leurs complots et leur vraie nature aux ivoiriens, c'est ma plume et le peuple qui représentent ma sécurité au-delà de l’Etat. Au demeurant je n'ai pas peur de ces gens, car là où je suis-je n'ai pas peur de la mort. J'ai fini de dire ce que j'avais à dire pour la postérité. Je suis comme un homme qui a écrit ses mémoires et qui n'a plus peur de rien.

Vous annoncez un retour pour participer à la vie politique du pays avec le parti que vous avez fondé. Vous comptez évoluer en tant que parti d’opposition ou compter vous rejoindre la coalition au pouvoir ?

Je compte participer à la construction de mon pays, ce qui passe par la réconciliation, l'unité et la paix. Je ne crois pas que ces exigences soient réservées au pouvoir ou seulement à l'opposition. Nous devons travailler la main dans la main pour apporter la réconciliation, la paix, et surtout le développement qui apportera le bonheur et le bien-être à chacun de nos concitoyens. Notre combat c'est pour la justice, le développement et la démocratie dans notre pays. Que ce soit l'opposition ou le parti au pouvoir, nul n'a le monopole de la lutte pour l'avènement de ces éléments qui font partie de l'idéal du combat de chaque formation politique. 

Dr Doumbia Major, vous qui êtes de la nouvelle génération politique de notre pays, maintenant que vous vous apprêtez à rentrer dans votre pays, quel message adressez-vous aux jeunes ?

J’espère que par génération vous ne faites pas allusion à la classification sociale par le critère d’âge comme certain le proposent en ce moment ! Oui je me considère comme étant d’une nouvelle génération, pas parce que je suis moins âgé que nos ainés, mais parce que par génération j’entends un groupe hétéroclite qui réunit différentes classes d’âges mais qui rompt avec les pratiques anciennes pour apporter le développement à notre pays. Ce développement dont nous parlons ne peut se faire sans les jeunes, c’est pourquoi je leur dis de ne pas céder au désespoir et aller se jeter à la mer ou se livrer en esclavage à des gens dont le pays n’est pas intrinsèquement plus riche que la Côte d’Ivoire. Je comprends leurs peines, leurs peurs et leurs angoisses, je les partage pour être moi-même né d’une couche défavorisée. Je leur dis néanmoins que le bonheur qu’ils partent chercher ailleurs n’y est pas mieux que chez eux, il suffit de nous donner la main et le vouloir pour parvenir au bonheur chez nous, moi j’ai décidé de rentrer pour construire ce bonheur avec eux et je leur dis à très bientôt au pays.

 

Ouakaltio OUATTARA

 

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