Cinq morts, plusieurs blessés, des biens matériels partis en fumée, intervention des forces de l’ordre pour disperser des manifestants mécontents des résultats proclamés et défavorables à leurs candidats… C’est le triste bilan des élections municipales du 13 octobre. Les conséquences de la crise post-électorale de 2010 semblent déjà se perdre dans la mémoire individuelle et collective de chacun. Pis, ce spectacle auquel nous avons eu droit avant, pendant la campagne et dès la proclamation des résultats, interpelle sur le fait que les vieux démons n’ont jamais été chassés du terrain politique. Avec le RHDP et le PDCI désormais face à face, les craintes renaissent. Le front politique est à nouveau vif, disons très vif. Repli identitaire à relent religieux et ethnique, méfiance et menaces se sont de nouveau invités dans les débats. Une situation qui donne raison à tous ceux qui ont déploré les arrangements politiques qui ont abouti à une amnistie des crimes commis durant la crise post-électorale. Les cicatrices des plaies d’hier sont encore visibles pour les victimes, mais effacées pour les bourreaux. Qui seront les victimes et les bourreaux de demain ? Le rendez-vous de 2020, qui avance à grands pas, regorge plusieurs enjeux. Les ingrédients sont-ils réunis pour une autre crise avec son corollaire d’assassinats, d’exilés et de procès à n’en point finir ? Les Ivoiriens retiennent leur souffle. La peur s’invite au menu, savamment alimentée par une classe politique qui manipule à souhait le peuple. La paix n’a jamais été aussi fragile depuis la fin 2011. Pourtant, chaque camp se présente comme faiseur de paix, réconciliateur et seul apte à bâtir une nation prospère et apaisée. Les discours tranchent avec la réalité et chacun s’enferme de plus en plus dans sa bulle. Pour paraphraser les Américains, nous dirons : que Dieu sauve la Côte d’Ivoire !
Ouakaltio OUATTARA