On le sait, notre pays compte un peu plus de 700 000 personnes ne possédant pas d’acte de naissance. En plus de la négligence de certains parents et de leur réticence à faire établir des documents d'état-civil pour leurs enfants, le système d’enregistrement des naissances, reconnaissons-le, laisse à désirer. Point n’est besoin de rappeler qu’il faut le réformer et le renforcer. Au moment où l’UNESCO présente une enquête sur la cartographie des personnes apatrides et à risque d’apatridie (CAPA), sur toute l’étendue du territoire national, pour mieux appréhender la question, et que nous sommes en pleine campagne électorale pour les locales, il importe d’attirer l’attention de nos futurs élus communaux sur la question. Il faut à la Côte d’Ivoire un véritable plan, car le phénomène ne touche pas que les personnes en bas âge. Des études sérieuses démontrent que sont aussi concernés des jeunes et des adultes de 30 à 40 ans qui n’ont jamais été déclarés par leurs parents et qui n’ont aucun document. Que peuvent léguer ces derniers à leur progéniture ? C’est sûr, nous sommes bien loin de la fin des cas d’apatridie. Messieurs les futurs conseillers municipaux, la balle est dans votre camp. Quelle est la place de la lutte contre l’apatridie dans votre programme de campagne ? Malheureusement, la réponse nous est venue après avoir parcouru les programmes de dizaines de candidats. Ce n’est pas une priorité pour nos futurs élus locaux et nombreux sont ceux qui sollicitent le suffrage des populations mais qui ignorent l’ampleur du phénomène. La bataille n’est donc pas gagnée d’avance. Loin d’être pessimistes, nous pouvons pronostiquer un long combat, qui pourrait durer encore plus d’une décennie. Les études s’enchainent, les alertes aussi. Les audiences foraines se poursuivent. Mais le problème demeure, car, dans la pratique, la volonté politique de rendre encore plus souples les déclarations de naissances et de sauver les apatrides est encore insuffisante.