La rentrée chaude que l’on redoutait est malheureusement entrain de devenir réalité. Les évasions de prisons et autres attaques de locaux tenus ou abritant des éléments des forces de défense et de sécurité ont ouvert la semaine de tous les dangers et conduit les acteurs politiques à dégainer sans retenue. Ainsi, le gouvernement a rompu avec la prudence à laquelle il nous avait habitués en pointant un doigt accusateur sur certains animateurs de l’opposition. Pour la première fois dans de telles conditions, il a pris le risque de citer directement des noms connus pour leur appartenance à la galaxie Gbagbo. Il avait coutume de prendre de la hauteur et de laisser de telles initiatives à la justice. Cette rupture signifie-t-elle perte de sang-froid ou agacement face à la récurrence des manœuvres de déstabilisation qui ont marqué le semestre écoulé et que l’on n’arrive toujours pas à tuer dans l’œuf ? Le temps nous édifiera. Comme si cela ne suffisait pas, le Rassemblement des Républicains (RDR, parti majoritaire) enregistre des fissures qui contiennent en pointillé une rupture fatale. Moins que les désaccords, qui étaient un secret de polichinelle, c’est le déballage public et la prise à témoin de l’opinion qui situent la profondeur de la crise interne au sein de la formation politique majoritaire, d’avec laquelle son leader tente de prendre ses distances dans la chicane ambiante, en se mettant au-dessus de la mêlée comme pour mieux jouer son rôle d’arbitre. Au-delà des résolutions apaisantes et des appels à l’unité, il faudra une bonne dose de génie politique pour colmater les brèches, en attendant l’affrontement inévitable avec l’allié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) dans la perspective de 2020. Dans ce cadre, on a l’impression que le RDR veut déjà crever l’abcès pour pouvoir compter sur des soutiens à la loyauté sans équivoque. Il en est du couple comme du jeu politique : il vaut mieux être seul que mal accompagné.
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