Fin 2010, après plusieurs décennies de crise, la Côte d’Ivoire amorçait l’âge de la sagesse avec son 50ème anniversaire. Seuls 18 pays africains ont acquis leur indépendance avant, dont 5 économiquement plus dynamiques : l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Égypte, la Tunisie et le Ghana. Fixée en 2018 à la 15ème place, par le World Economic Forum (WEF), des économies du continent les plus performantes, la terre de Nanan Houphouët-Boigny maintient son 87ème rang mondial en PIB par pouvoir d’achat (PPA), avec notamment un taux de croissance remarquable de 7,8%. Depuis presque 8 ans, la courbe du progrès est quasi-montante. Au cours des six dernières années, la Côte d'Ivoire est passée de 27 à 35 points concernant l’Indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International. On peut donc dire, avec tout le recul nécessaire, qu’à 59 ans c’est un pays qui jouit d’une bonne santé économique. Vu son potentiel humain et ses ressources naturelles, présager de meilleures perspectives ne serait qu’une suite assez logique. Encore une seconde décennie comme cela et c’est à un véritable pachyderme économique que l’on aura affaire. Au-delà de l’aspect démonstratif, la célébration de ce 59ème anniversaire permet donc d’apprécier nos acquis, le chemin parcouru et tout le potentiel ivoirien. Mais c’est aussi un moment charnière. À l’orée des 60 ans, qui seront certainement teintés des préparatifs de la présidentielle, cette commémoration est probablement la dernière qui sera célébrée sans appréhension aucune. N’est-ce pas le moment idéal de se demander ce que sera l’avenir après 2020 ? Va-t-il conserver cette tendance économique, l’améliorer ou rompre avec le progrès ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’avènement de l’une ou l’autre de ces hypothèses ne sera pas fortuit. C’est à partir de là que la Côte d’Ivoire sera véritablement jugée sur sa sagesse. Elle a 59 ans, l’âge de la sagesse, mais aussi du questionnement.
Raphaël TANOH