Tony Elumelu, le héros de l'africapitalisme:Bâtisseur.

Ce milliardaire nigérian de 52 ans à la tête de Heirs Holdings incarne la nouvelle Afrique entre business et philanthropie.

À la tête de la société d'investissement privée Heirs Holdings et du plus important conglomérat coté en Bourse au Nigeria, Transcorp, Tony Onyemaechi Elumelu investit tous azimuts : banque, immobilier, hôtellerie, énergie, agro-industrie, finance... © Pierre Morel/Divergence  

Hôtel Peninsula, dans le 16e arrondissement de Paris. Après moult précautions de son staff, le voilà qui arrive enfin. Démarche décidée, costume noir parfaitement taillé, chemise blanche barrée de son éternelle cravate rouge, elle-même assortie aux chaussettes, sans compter les boutonnières de manchette, rouges elles aussi. C'est sa marque de fabrique, aussi énigmatique que l'éternelle pochette blanche crantée qu'il porte, et qui peut parfois donner l'impression que des dents dépassent de ses poches. Ce qui envoie un message très clair. Tony Onyemaechi Elumelu a de l'appétit. Et depuis trois décennies, rien ne semble lui résister... À 52 ans, cet homme d'affaires nigérian, banquier, industriel et philanthrope, règne sur un empire : Heirs Holdings, un conglomérat de sociétés présentes dans la banque, l'immobilier, l'hôtellerie, l'énergie, l'agro-industrie et la finance. Ce qui fait de lui l'heureux détenteur d'un patrimoine estimé à 1 milliard de dollars, selon le magazine Forbes et le place au 31e rang des fortunes sur le continent africain.
Tony Elumelu, qui sillonne le monde en jet privé, est accueilli en guest star en Europe et aux États-Unis, où politiques et patrons lorgnent le potentiel de la première puissance économique d'Afrique. Il est intervenu au dernier Forum de Davos, où il a déjeuné avec les PDG de Microsoft et de Total, il a été reçu plusieurs fois par Barack Obama à la Maison-Blanche et il accompagne souvent le nouveau président nigérian, Mohammadu Buhari, dans ses déplacements à l'étranger. Car, en dehors de l'importance de son compte en banque, cet homme né au Nigeria dans une famille modeste porte une nouvelle vision de l'Afrique. En 2010, il a rédigé un manifeste sur l'africapitalisme - un concept de son invention que l'on peut résumer ainsi : une philosophie qui prône l'engagement du secteur privé dans la transformation économique de l'Afrique à travers des investissements de long terme, à même de créer prospérité et bien-être social. "Il faut cesser de ne voir notre continent qu'à travers la famine, la guerre ou le sida. L'Afrique d'aujourd'hui est composée d'entrepreneurs. De nombreuses personnes ont des idées brillantes pour changer la vie, mais elles manquent de moyens pour les mettre en oeuvre. Nous devons leur offrir cette chance", précise l'homme d'affaires.
 
 
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Le message est clair. Depuis une décennie, la croissance du continent africain repart et la donne change : l'Afrique n'est plus le continent du désespoir. Et Tony Elumelu est un éminent représentant de cette génération des Guépards, décrite par l'économiste ghanéen et professeur à Washington George Ayittey. Ces félins sont ces Africains qui voient l'entrepreneuriat et l'innovation comme des moyens de réussite pour l'Afrique. C'est une manière de s'opposer frontalement au paradigme de la centralisation et du contrôle étatique propre à ceux que l'économiste nomme les Hippopotames et qui a été la norme depuis la décolonisation. Des success stories comme celle de Tony Elumelu "témoignent d'une nouvelle époque où la réussite économique se fait grâce à l'entreprise privée et au capitalisme pour atteindre la croissance", explique George Ayittey.
"Depuis mon enfance, j'ai toujours pensé que nous, les Africains, pouvions réussir comme les autres. Pour moi, ce n'était qu'une question de temps avant qu'on puisse le prouver au monde", confie le milliardaire. Issu de l'ethnie Ibo, Tony Elumelu a grandi à Jos, ville du centre du Nigeria. Ces dernières années, la ville s'est tristement fait connaître à cause des attaques régulières de la secte islamique Boko Haram. Pour la famille Elumelu, dont la mère était restauratrice et le père travaillait dans la construction, l'éducation de leurs cinq enfants est une priorité. Tony obtient un bachelor en économie de l'Ambrose Alli University puis un master, toujours en économie, de l'université de Lagos. Plus tard, il suivra un programme de management à la Harvard Business School. Mais c'est au Nigeria que sa carrière démarre. À 21 ans, il entre à la Union Bank of Nigeria, puis à la All States Trust Bank, où il restera sept ans.

Fusion

La carrière d'Elumelu décolle en 1997 lorsqu'il convainc un groupe d'investisseurs de renflouer la Crystal Bank, une petite structure étatique en perte de vitesse. Elle deviendra la Standard Trust Bank et en moins de cinq ans prendra place dans le top 5 des banques nigérianes, dans une période où le système bancaire est encore sous le contrôle de l'État. Mais des réformes du système bancaire vont favoriser la constitution de groupes financiers solides. Tony Elumelu saisit cette opportunité pour mener une fusion avec la United Bank for Africa. Opération réussie ! Aujourd'hui, le groupe bancaire est présent dans 20 pays avec plus de 1 000 agences et quelque 9 millions de clients. Mais, à 47 ans, Tony Elumelu est contraint de se mettre en retrait de la direction de UBA. Une nouvelle réglementation édicte qu'un dirigeant ne peut rester en fonctions plus de dix ans. Il s'exécute, non sans une pointe d'amertume : "Jack Welch a été PDG de General Electric pendant vingt ans, rappelle-t-il. Warren Buffett est à la tête de Berkshire Hathaway depuis 1965. Il est important d'examiner les réalisations, en particulier si elles sont durables, et non le temps du service. Cela dit, je ne pense pas qu'il soit sain pour quiconque de chercher à rester à quelque poste que ce soit pour toujours."
 
 
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Mais, déjà, il réfléchit à sa prochaine vie. Il est marqué par l'ouvrage The Creation of Wealth : The Tatas from the 19th to the 21st Century, de R.M. Lala, que lui a offert l'un de ses ex-professeurs à Harvard. Ce livre relate la longue histoire du groupe Tata en Inde depuis deux siècles. Lui aussi veut tenter sa chance à l'international et bâtir son propre empire. "J'ai voulu partir à la conquête de tout le continent. Nous devons offrir nos services au Nigeria bien sûr, mais aussi dans toute l'Afrique." Avec son groupe Heirs Holdings, fondé en 2010, il rachète Transnational Corporation of Nigeria Plc (Transcorp), le plus important conglomérat du pays (énergie, agro-industrie et hôtellerie) coté en Bourse. Il investit notamment dans l'agro-industrie, un secteur clé pour le Nigeria. Elumelu est ainsi le premier à y avoir créé une usine de jus de fruits concentrés pour en finir avec les importations. Elle est située dans la zone industrielle de Makurdi, avec une capacité de production de 26 500 tonnes. "Si vous réunissez les secteurs de l'électricité et de la finance, les investissements dans l'industrie pétrolière et gazière, ainsi que ceux dans l'immobilier et l'hôtellerie, vous pouvez voir que nous créons de la richesse non seulement pour nos actionnaires, mais aussi pour l'ensemble de la société."

De Michael Jackson à Bill Gates

  ©  Fondation Tony Elumelu

 
 
Tony Elumelu avec Parminder Vir, la directrice de la fondation Tony Elumelu et la chef d'orchestre du Programm TEEP pour 10 000 entrepreneurs durant la conférence de presse de lancement à Lagos en juin 2015. © Fondation Tony Elumelu
Ce père de sept enfants (deux filles aînées, des triplés et des jumeaux âgés de seulement 13 mois), qui a épousé Awele Vivian, pédiatre, vit à Lagos dans une villa sous haute sécurité. Il pratique le vélo à forte dose et aime à emmener sa famille en voyage. Il chérit particulièrement la Zambie et ses paysages - c'est là qu'il aimerait passer ses vieux jours - et admire Michael Jackson pour "sa grande exigence dans le travail". Mais son modèle absolu reste Bill Gates. Il s'en est d'ailleurs inspiré en créant la Fondation Tony Elumelu. Son credo : l'Afrique a reçu de l'aide internationale pendant des décennies sans obtenir de résultats. Il faut changer de stratégie pour le XXIe siècle. "Nous manquons d'entrepreneurs en Afrique. Les jeunes ont des idées, mais ils n'ont souvent ni la formation, ni le capital pour démarrer, ni les mentors pour les guider. Alors, je me suis dit que cela serait une excellente idée d'aider ces jeunes. Étant un entrepreneur qui possède le savoir-faire technique et l'expérience, j'ai décidé de former les autres", détaille-t-il. La fondation propose des programmes de formation en leadership ou des stages dans les plus grandes entreprises. Elumelu est également très impliqué dans l'élaboration des politiques publiques avec les gouvernements africains, dont le Nigeria, pour aider à créer un environnement favorable pour le secteur privé. "C'est en leur offrant un avenir professionnel qu'on peut dissuader les jeunes les plus fragiles de rejoindre les groupes terroristes. Il ne suffit pas simplement de dire que le continent n'est composé que de criminels, il est aussi important de comprendre pourquoi les jeunes se comportent ainsi." À chaque déplacement, Tony Elumelu attire des contingents de fans. Certains jeunes Africains parcourent des kilomètres pour l'écouter, tenter de lui donner une carte de visite et même parfois - pour les plus habiles - décrocher un rendez-vous. Pour ceux qui ont des rêves d'entreprise plein la tête, Elumelu a lancé un programme très ambitieux, qui va consacrer 100 millions de dollars sur dix ans pour financer et accompagner 10 000 start-up africaines.
 
 
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Pour cela, il a embauché une Indienne, Parminder Vir Obe, ancienne productrice de la BBC, pour diriger le projet (TEEP) lancé en décembre 2014. Aux quatre coins du monde, elle doit prophétiser l'africapitalisme, le professionnalisme en plus. "L'aide ne suffit plus. l'Afrique a besoin d'investissement et elle a besoin d'entrepreneurs. Le TEEP apporte ces deux éléments. Notre capacité à apporter du capital et le soutien nécessaire à ceux qui aideront l'Afrique à exploiter son énorme potentiel permet de créer des opportunités extraordinaires à travers le continent", confie-t-elle au Point. Le rêve de Tony Elumelu : que le Bill Gates du XXIe siècle soit africain.

Avec Barack Obama pour l'électrification de l'Afrique

© DR Voilà deux ans que le président américain a lancé le projet Power Africa pour électrifier le continent africain, où 600 millions d'habitants n'ont pas accès à l'électricité. Le milliardaire nigérian - qui a fait partie de la délégation des hommes d'affaires avec son compatriote Aliko Dangote, première fortune d'Afrique, reçu fin janvier par Obama -, a mis à travers son holding, Heirs, 2,5 milliards de dollars pour la fourniture de 2 000 mégawatts d'électricité.

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