La rencontre se voulait solennelle. Le 27 juillet au soir, le Président de la République Alassane Ouattara et son prédécesseur Laurent Gbagbo se sont donné des accolades et ont ri à gorge déployée face aux caméras. Une rencontre longtemps attendus par plus d’un en Côte d’Ivoire. Si ce n’est pas la première fois que des personnalités de cette trempe se rencontrent, celle-ci avait un parfum particulier. Celui de marquer la volonté de l’un et de l’autre de tourner la page de la crise postélectorale de 2011. Cet évènement, bien entendu, ne réconciliera pas de facto les Ivoiriens et ne fera encore moins pas oublier les 3 000 morts qui demandent encore justice. Mais elle pose les jalons de l’avenir politique ivoirien et aura pour effet de renvoyer les extrémistes de tous bords à la révision de leur copie.
Mais, au-delà, les Ivoiriens sont en droit d’attendre plus de ces deux leaders qui réquisitionnent l’actualité. Ils sont désormais attendus sur des actes concrets. C’est bien là que le peuple les attend. Il ne s’agira plus de porter une quelconque lutte avec à la clé des morts au lieu de commencer par le début, le DIALOGUE. S’ils entrevoient de se rencontrer fréquemment et d’élargir la rencontre à d’autres protagonistes, notamment Henri Konan Bédié, les deux hommes ne doivent pas perdre de vue qu’une autre génération ronge son frein et attend d’eux une retraite. Beaucoup d’Ivoiriens sont morts pour chacun d’entre eux et sous la gouvernance de chacun d’eux.
Maintenant que la rencontre est derrière nous, il est temps d’inviter les Ivoiriens à plus de responsabilité dans leurs prises de positions dans le débat politique et le débat public. C’est à ce prix que nous allons tourner véritablement le dos aux violences politiques et sûrement que nous ferons un pas de plus dans la construction de la démocratie.
Yvan AFDAL