Tête de pont d’une flotte composée de cinq navires, un premier pétrolier iranien a accosté le week-end dernier dans un port vénézuélien. Au total, l’Iran pourrait livrer ainsi 1,5 million de tonnes d’essence au pays dirigé par Nicolas Maduro.
Escorté sur la fin de son parcours par des navires militaires vénézuéliens, le pétrolier iranien Fortune est arrivé le 24 mai dans l’État de Carabobo, à l’ouest de Caracas, pour approvisionner le pays. Quatre autres navires sont en route. Cette flotte transporterait quelque 1,5 million de barils de carburants de types variables, selon les informations parues dans la presse spécialisée que cite le site La Croix. Membre fondateur de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), qui regroupe les États dotés des plus grandes réserves d’or noir de la planète, le pays de la révolution bolivarienne est aujourd’hui en panne sèche, au point de devoir importer du carburant. Il est confronté depuis plusieurs années à des pénuries d’essence, qui se sont aggravées fortement ces derniers mois. Des témoins cités par plusieurs médias étrangers font état de files d’attente de plusieurs heures aux stations-service pour faire le plein, un maximum de 30 litres.
L’Iran envoie également les produits chimiques pour raffiner le pétrole vénézuélien. À cause des sanctions américaines qui interdisent l’envoi de produits pour transformer le pétrole brut, la raffinerie de El Palito ne tourne qu’à 10% de sa capacité. Le Venezuela et l’Iran sont sous le coup de sanctions économiques américaines qui frappent leurs industries pétrolières.
Quelle réaction de Washington ?
Le 25 mai, seul John Bolton, ex-conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump, avait réagi, dénonçant une action « dangereuse pour les États-Unis et pour les nations sud-américaines ». Ces livraisons de carburant se passent sous le nez des forces américaines qui depuis mars 2020 mènent des opérations pour combattre le trafic de drogue dans les Caraïbes. Il n’est pas exclu que les pétroliers iraniens soient interpellés par les Américains, selon des observateurs, ce qui contribuera à envenimer davantage les tensions entre les deux pays. L'Iran a d’ailleurs mis en garde contre des « conséquences » si les États-Unis empêchaient la livraison de ses produits pétroliers au Venezuela. Aucune réaction officielle des États-Unis pour l’heure, mais l’amiral Craig Faller, qui dirige le commandement Sud, dans les Caraïbes, a déclaré que Washington suivait « avec inquiétude » les actions de l’Iran concernant le Venezuela.
Boubacar Sidiki Haidara