La préfecture du Pas-de-Calais a procédé le mardi 12 mai au démantèlement de campements de migrants proches de l’ancienne « Jungle » de Calais. Cette opération, encadrée par les forces de l’ordre, intervient alors que les associations d’aide aux migrants relèvent une hausse du nombre des arrivées ces derniers temps.
86 traversées ont été signalées depuis le début de l’année 2020 dans le détroit de la Manche selon des données datant de fin avril. Dans la nuit du 8 au 9 mai, 16 personnes, dont 1 enfant, ont été secourus au large de Oye - Plage (Pas-de-Calais) alors que leur embarcation se trouvait en panne de moteur.
Indiquant dans un communiqué s’appuyer sur deux ordonnances d’expulsion du tribunal judiciaire de Boulogne-sur-Mer, la préfecture a fait évacuer deux terrains, proches de l’ancienne « Jungle » de Calais, sur lesquels plus de 170 tentes avaient été identifiées.
Cette situation engendrait, de même source, de sérieux problèmes de sécurité, de salubrité et de tranquillité, en particulier pour les riverains. La veille, le lundi 11 mai, certains d’entre eux avaient manifesté leur mécontentement devant la sous-préfecture, dénonçant les nuisances liées à la présence de migrants dans le secteur. Nuisances qui, selon eux, se sont aggravées durant la période de confinement, notamment des points de vue de l’hygiène (déchets attirant des rats) et de la sécurité (tentatives de vols, intrusions). De leur côté, les associations de défense des migrants dénoncent les conditions de vie précaires de ces personnes. « Cette nouvelle intervention s’inscrit-elle dans une démarche sanitaire ou vise-t-elle simplement à montrer que la préfecture agit ? », en particulier pour rassurer les riverains, s’interroge un responsable de l’association Auberge des migrants.
Selon la préfecture, entre 400 et 500 migrants vivent aujourd’hui à Calais, contre un millier d’après les associations. Majoritairement originaires du Soudan, d’Érythrée, d’Afghanistan et d’Iran, ils espèrent rejoindre l’Angleterre.
Discordances
Vendredi 8 mai, le député (LR) de la septième circonscription du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont a déposé un amendement pour demander la mise en confinement des migrants présents dans le Calaisis. Un amendement sèchement repoussé par le gouvernement. « Je pense que nous sommes arrivés à un point de rupture avec le gouvernement. La maire de Calais n’a pas l’intention de laisser faire non plus. Peut-être va-t-on devoir attaquer l’État en justice pour nous faire entendre ? », s’était emporté le député.
Boubacar Sidiki Haidara