Le Centre artisanal de la ville d’Abidjan (CAVA), conçu pour accueillir de nombreux visiteurs, est pourtant délaissé et les objets d’art qui y sont exposés attendent désespérément des amateurs.
Je pense que c’est à cause de l’ignorance. Les Africains eux-mêmes ne s’intéressent pas à ces objets d’art», affirme avec dépit Cissé, commerçant plus connu sous le pseudonyme de «l’homme tranquille », également trésorier de la coopérative locale (Co-Cava), pour expliquer la rareté des visiteurs. Situé entre les communes abidjanaises de Marcory et de Treichville, ce petit « village », où sont exposés des œuvres d’art issues de différents pays d’Afrique, est un don du Canada. À l’origine, ce centre a été construit pour les jeunes ivoiriens déscolarisés, mais au fil du temps, des artisans de la sous-région, principalement burkinabè, sénégalais, maliens et guinéens, s’y sont installés. Ils y fabriquent et vendent des sculptures, masques, toiles, et autres objets d’artisanat qui sont exposés en plein air, dans l’attente d’éventuels acheteurs.« C’est pendant les fêtes de fin d’année et quelques fois pendant les vacances que les Occidentaux viennent ici. Sinon, les autres jours, c’est vide. Les Africains ne fréquentent pas trop l’endroit », explique Coulibaly, un artisan du Centre artisanal pourtant ouvert du lundi au dimanche de 7h00 à 18h00. Aux dires de certains artisans, ce déficit de fréquentation du CAVA est lié au désintérêt du ministère de la Culture, qui fait « la sourde oreille face à nos cris de cœur », estime Cissé. En ce qui concerne leur absence aux grands rendez-vous artisanaux et expositions à l’étranger, l’artisan met cela sur le compte des cautions jugées élevées. « En 2014, lors du Marché ivoirien de l’artisanat, nos collègues venus des autres pays ont été logés par le ministère de la Culture. Quant à nous, nous n’avons bénéficié d’aucune subvention, même pas pour la location des stands », assène un artisan sous couvert d’anonymat.
Fatou DIALLO